Accueil | News | Chroniques | Contribuez ! | T-Shirts | Newsletter | S'inscrire 30sec
Opt.
 
groupe
label
album
membre
Publicité
Publicité

Le hip hop cinématique de The Waxidermist

Lawkyz aka The Waxidermist est un bassiste et beatmaker prodigieux proposant depuis 2015 un hip hop alternatif et cinématographique via des albums concepts teintés de soul, jazz, funk dont la qualité des titres est diablement au rendez vous.

Trip-Hop.net : Peut tu te présenter pour ceux qui nous suivent ?

Pas de soucis. Salut, je m'appelle The Waxidermist. D'autres me connaissent sous le nom de Lawkyz qui est mon nom d'artiste en tant que bassiste et contrebassiste car c'est mon vrai métier. Avant d'être beatmaker, j'ai commencé à la basse et à la contrebasse dans pas mal de projets.
J'ai 37 ans, j'habite à Paris et j'ai sorti un album l'an dernier qui s'appelle The Origami Case. Je travaille avec des musiciens et des vocalistes avec qui on ne fait donc pas que du beatmaking sampling, il y aussi des instrumentistes dessus.

Je définis ma musique comme hip hop cinématique car c'est très bien inspiré de groupes comme The Herbaliser , The Roots, A Tribe Called Quest. Je puise donc dans le courant boom bap mais aussi dans la musique de films avec des compositeurs des années 70 comme Lalo Schiffrin et Ennio Morricone.

Trip-Hop.net : Des influences hip hop très soul et jazz. J'avais en effet bien tilté que ton travail était emprunt de cinéma. Tu viens de citer Enio Morricone, tu as une bande originale en particulier dont tu voudrais parler ?

En fait je pense pas à une B.O, pour Lalo Schiffrin je peux te citer des B.O très clairement. Mais cependant pour Ennio, c'est différent, c'est vraiment son oeuvre globale que j'admire. Par exemple, tout le travail qu'il a fait en librairie musicale. Dans les années 70, on a beaucoup de gens qui composaient pour la télévision, les publicités et qui faisaient de la musique au mètre. Ils passaient leurs journées en studio, étaient payés pour faire ça, tout ça sortait ensuite en vinyle pour être envoyés aux émissions de télévision. Ennio Morricone comme plein d'autres avait pris des pseudos pour faire de la musique en libraire musicale (dont on trouve encore des boutiques). Sa carrière me fait halluciner, puis il a fait tellement de bande originales mémorables ...

Bullit pour Lalo Schiffrin. Je t'invite à écouter, c'est un film avec Steve McQueen. Quand tu entends la musique, tu sais que ce morceau là, c'est quelque chose qui va sur une course poursuite de voitures à San Francisco

Trip-Hop.net : Cool ! Personnellement j'ai toujours perçu tes projets comme des films, je me trompe ?

Oui. Après si tu regardes que ça soit Versus ou The Waxidermist, tu vois que ce j'aime c'est raconter des histoires. C'est à chaque fois un peu des bande originales de films imaginaires, c'est les gens qui écoutent qui se font leur idée.
The Origami Case c'est la suite du premier EP éponyme du projet Waxidermist et qui met en scène un personnage mystérieux que personne n'a jamais vu et ne connaît qui kidnappe les beatmakers quand ils diggent et tombent sur le sample ultime.

C'est Jesus Crise, le DJ avec qui je travaille qui trouve le plus souvent les histoires. Il écrit beaucoup de son côté et pour ce projet il m'a proposé de faire un truc à la Fight Club pour que l'on comprenne que en réalité c'est moi The Waxidermist sauf que je l'ignore. Tu as deux personnalités, Lawkyz connu pour être bassiste et l'autre qui est le pendant maléfique du beatmaker. Cet album c'est donc une enquête policière pour savoir qui laisse des origamis sur les vinyles après les disparitions des beatmakers ...

Trip-Hop.net : Hormis les influences polar qu'est ce qui pourrait y avoir d'autre ?

C'est un mélange de blacksploitation, de thriller, de Tarantino et aussi même si on le perçoit moins ... Il y a un gros côté asiatique dans mon travail.

Trip-Hop.net : C'est à dire ? Dans les samples ?

Pas forcément dans les samples, ça peut arriver. Il y en a quelques uns dans l'album mais tu vois l'origami c'est quelque chose d'asiatique. Au niveau de la pochette tu sens un mélange entre hip hop et asie. C'est Tsuchinoko qui a fait cette superbe illustration, on s'est rencontrés alors que l'on se connaissaient pas mais on s'est vite très bien entendus car on avait des références vraiment communes. Il adore la musique, est illustrateur, grapheur et bosse dans le jeux vidéo. Il fait plein de créations, ça a été une évidence quand je l'ai découvert.

Trip-Hop.net : La pochette est vraiment magnifique oui !

Merci pour lui. Il retranscrit cette histoire avec cette image, une pile de disques et un origami dessus et une main.

Trip-Hop.net : C'est sans doute l'uns de mes albums préférés de 2018, on sent vraiment une complémentarité dans ce projet, on sent l'aspect amical du projet ...

Comment fonctionnes tu avec tes collaborateurs ?

Ils me font extrêmement confiance sur mes choix pour ce que je veux et ce que je leur demande en studio. Ils ont livré un travail de dingue et se sont donné à fond. C'est sans doute l'unes des plus belles sessions de studio que j'ai faite sur l'uns de mes projets. Pour moi ça semblait évident qu'ils aient un terrain de jeu pour qu'ils puissent proposer des choses, c'est à double sens cette relation de confiance. On a fait un bel album, c'était hallucinant cette équipe. Je suis très content de ce disque et du mur qu'on a construit ensemble.

Trip-Hop.net : En écoutant tes productions, on sent ta propre pâte artistique qui se rattache bien au Jazz Hop Underground français avec des noms comme Hocus Pocus, Soul Square mais aussi du beatmaking trip hop poussérieux et cinéphile de Wax Tailor. Il y a quelque chose de commun non ?

Ouais ... Hocus Pocus et Soul Square sont des artistes que j'ai écouté, que j'aime et écoute encore. Je pense, en effet, que l'on a une grosse base commune tous les trois du sampling et de la composition. Versus c'était très peu de sampling et beaucoup de composition alors que The Waxidermist c'est plutôt l'inverse. Mais oui on a des bases communes, des rêves de black music, de jazz, de groove, du gana des années 60 ... Je pense que l'on se rejoint beaucoup.

Wax Tailor pour moi c'est un peu différent. J'ai adoré son premier album mais c'est pas pareil car on travaille avec beaucoup de gens en commun comme les A.S.M qui ont commencé à collaborer avec lui en 2009. Mattic collabore aussi souvent avec lui ... Mathieu Detton, contrebassiste avec qui je travaille bosse aussi avec Wax Tailor ... Je pense qu'on a une filiation au niveau des collaborateurs même si je pense que l'atmosphère cinématographique et musique de film peut nous rapprocher. Lui cependant, tu sens qu'il est plus trip hop et moi plus hip hop.

Trip-Hop.net : Personnellement, je pense qu'il existe une famille (je pense que tu es d'accord avec moi), cette scène française underground qui gravite autour du beatmaking incluant surtout trip hop et hip hop alternatif. Quand je dis ça peut aller de L'Entourloop à Ours Samplus, Kognitif, en passant par Wax Tailor, Hocus, Soul Square comme on en parlait justement ... Une bien grande famille si tu veux ce que je veux dire.

Mais oui, mais si c'est sûr ça tu as raison. On est de la même famille sur cette passion du beatmaking. D'ailleurs tu n'es pas le premier à me rapprocher d'uns de ces trois artistes. Wax Tailor revient assez souvent d'ailleurs. Donc oui, sur cet aspect là tu as complètement raison. Wax, je trouve qu'il a vraiment réussi à faire quelque chose c'est que quand il fait des morceaux comme Que Sera et des morceaux avec des voix de femmes, c'est des vrais morceaux de trip hop.

Moi quand je fais un morceau Elodie Rama, Anna Kova ou Astrid ... J'ai l'impression que c'est moins trip hop et plus hip hop, plus rêvé black music ... Mais après au niveau des univers c'est vrai qu'on retrouve bien les samples jazzy, les scratchs ... L'univers de Wax est pour le coup très cinématique, les autres un peu moins. Tu retrouves aussi cet amour du boom bap et des références dont on parlait précédemment comme A Tribe Called Quest. L'amour du jazz, de la soul, de la funk ... Tu vois je pense qu'on a tous ces rêves de Herbie Hancock, Billie Holiday ... Je pourrais en parler des heures de ça.

Le Wug Tang aussi tiens ! Il y a tout le travail du sampling de ces beatmakers que j'ai bien retenu et dont je ne suis pas le seul

Trip-Hop.net : Tiens et bien en parlant du Wug Tang Clan, il y a la superbe B.O faite par RZA pour le Ghost Dog de Jim Jarmush. Franchement je la trouve superbe et le film au passage très sympathique.

Ah RZA ... J'adore cette B.O. Elle fait partie typiquement de mes influences.

Trip-Hop.net : Cela peut expliquer ton goût pour l'orient avec leurs productions bien karaté. Mon oncle m'avait fait écouté un Shaolin Sessions, c'était pas mal, j'aimais bien l'ambiance.

Carrément, ça c'est une compilation. Je conseille Enter The 36 Chambers, c'est un gros album qu'il faut retenir.

Trip-Hop.net : C'est différent de A Tribe Called Quest ça !

Oui c'est complètement différent mais c'est un album que j'ai beaucoup écouté et qui m'a pas mal inspiré.

Trip-Hop.net : Bon et The Waxidermist peut il être considéré comme une continuité de Versus ?

Versus est à la base un projet de full live band, on est 8 et clairement là on affiche nos influences Herbaliser, Roots tout ça. C'était écrit avec beaucoup d'orchestration qui m'a ouvert beaucoup de portes et j'avais pas l'intention d'effacer et de faire quelque chose qui n'avait rien à voir avec ce projet.

Maintenant, je pense que c'est pas pareil. C'est un projet de beatmaker avec des instrumentistes. Moi je peux par exemple enregistrer quelque chose de Yann, le flûtiste alors qu'il me propose quelque chose et garder, découper pour en faire autre chose comme le sampling. Le traitement est différent mais c'est pour ça aussi que je te parlais de confiance. Souvent j'ai des thèmes, que je découpe, replace à d'autres endroits.

La manière de travailler n'est pas la même, c'est sûr. Après je reste la même personne et ce que j'aimais en faisant Versus, je prolonge tout ça dans l'atmosphère et les samples.

Je te parlais de l'histoire du Waxidermist mais le départ de Versus est à peu près pareil. C'est un personnage que personne ne connait dans une ville dont on cite jamais le nom, Mr Blue, un parrain de la mafia. Tous les musiciens de Versus sont un personnage dans cette histoire. Le batteur s'appelle Mr Big, le DJ s'est renommé Jesus Crise et c'est un flic véreux. Là aussi c'est une enquête, et on cherche à savoir qui il est, trouver Mr Blue.

Trip-Hop.net : C'est donc des albums concepts qui encouragent l'immersion, c'est super ça.

Exactement, quoi de mieux que de choisir des thématiques et avoir des vocalistes qui peuvent exploiter tout ça, ils écrivent l'histoire. J'ai pas envie d'arrêter et j'aime créer ces B.O imaginaires ... Les gens peuvent se faire leurs films dans leurs têtes.

Le principal quand tu es beatmaker c'est de faire ce que tu sens. Si tu sens qu'il faut mélanger plein de trucs et que c'est ça ton délire, alors fait le. Si tu as envie d'être plus minimaliste dans ton approche ... Pour moi le principal quand tu fais de la musique, c'est d'y aller au feeling qui est souvent le bon choix.

Trip-Hop.net : Merci de ton temps !

Au plaisir !

Propos recueillis par : Koboo.
 
 
Contactez-nous Qui sommes-nous ? Equipe / Crédits Mentions légales Soutenez-nous! Flux RSS
© 1999-2024 Trip-Hop.net - Webmaster : Thibaut VACHER | Designer : sub88 - V5.0