Trip-Hop.net : J'ai élaboré des hypothèses fantasques quant à l'origine de ton nom de scène Zerolex : substance psychotrope ou droïde venu d'une galaxie lointaine ? Tu peux me dire la vérité sur le sujet ?
(rires) En fait, c'est un condensé de sonorités qui me plaisaient... Finalement, ça n'a pas trop d'importance pour moi. Je pense que si on s'intéresse réellement à la musique, peu importe le nom... Il n'y a pas de sens caché, désolé !
Trip-Hop.net : Ton projet solo est né en 2011 : quel a été ton parcours jusque là ?
J'ai commencé par faire de la batterie, en 2005/2006. J'ai eu ma phase groupe de collège/lycée à reprendre du Rage Against The Machine.
En 2011, j'ai participé à une masterclass mise en place par Miqi O, un de mes " mentors " à Besançon. On était quatre participants, dont Sorg, à se réunir à La Rodia (ndr : concerts et pôle de musiques actuelles), pour expérimenter, apprendre à composer autrement en s'imposant des contraintes, adapter nos morceaux en live. C'est l'acte de naissance de mon projet Zerolex et ça m'a donné envie de pousser le projet plus loin.
Les gars de Cotton Claw que je connaissais déjà à l'époque m'ont aussi poussé dans cette direction.
Trip-Hop.net : Tu as sorti un tryptique en 2012 sur le label de Superpoze avec Sorg et Fakear ; cela a été aussi un tremplin pour développer ton son personnel ?
En 2010, j'ai rencontré Superpoze sur Soundcloud : on a commencé à s'envoyer des morceaux et à faire un peu de musique ensemble.
Il est venu jouer à Besançon, et je suis parti jouer à Caen où j'ai également rencontré Fakear. Je leur ai parlé de Sorg qui est aussi de Besançon. Du coup, on a eu l'idée de faire ce tryptique ensemble, juste en format numérique, mais c'était une bonne expérience !
Trip-Hop.net : Depuis, tu as participé à pas mal d'autres projets, notamment en collaboration : d'abord avec Holy Two ?
Oui, l'année dernière. En fait, j'étais à l'école avec Adrien, le guitariste ! Puis on s'est perdu de vue avec les études... On s'est retrouvé à un concert à la Rodia, encore la Rodia. Il était au courant de mon projet et moi du sien alors il m'a proposé de leur faire un remix du morceau Rush.
J'étais très emballé par le projet alors j'ai proposé d'en faire un deuxième dans la foulée puis l'idée est venue de sortir un disque. Cascade Records nous a fait confiance là-dessus et nous a proposé de faire un morceau ensemble : c'est comme ça que Eclipse a pris forme !
Cette année, ils sont Inouïs du Printemps de Bourges, je suis super content pour eux ; alors j'espère que l'on ne va pas s'arrêter là ! Ce qui est sûr, c'est que j'ai vraiment envie de continuer à travailler avec eux.
Trip-Hop.net : Et puis Cotton Claw : comment est né le groupe ?
Nous somme tous bisontins, sauf, Lilea qui est de Caen - comme quoi, Caen - Besançon, il y a toujours eu des échanges, c'est un peu l'axe du bien ! Du coup, quand il est venu habiter à Besançon, il était artiste associé à la Rodia et il avait un an pour monter un projet avec une restitution en fin d'année. Cela a donc été notre premier concert en fait ! Et on a commencé à produire pour le live avant tout, qui a débouché sur un premier EP en 2014, Dusted, puis sur un album l'an dernier, Volutes. Là, on vient de boucler le prochain EP qui verra le jour à la rentrée !
Trip-Hop.net : Comment composez-vous à huit mains ?
On a plus ou moins mis nos projets solo entre parenthèses pour se concentrer sur le groupe et aller dans un univers différent de ce qu'on explorait chacun de notre côté. On vient tous du hip hop mais on avait cette volonté de faire une musique plus électronique... Quelque chose qu'on écoute, mais que l'on n'avait jamais trop expérimenté dans nos projets respectifs.
On s'est mis d'accord sur deux concepts : le premier étant de développer une vraie entité, un nouveau groupe avec une nouvelle identité musicale. Le second consiste à tout jouer live. Il n'y a pas de séquences qui tournent dans les ordis, on joue live sur nos MPC/Contrôleurs.
La démarche de partir du live était surtout valable pour le premier EP ; maintenant, on produit l'essentiel en amont, ce qu'on avait déjà commencé à faire sur Volutes, on bosse le son et la compo, puis on rentre les morceaux dans les machines. Aujourd'hui encore, on rentre de nouveaux morceaux qu'on jouera plus tard.
Trip-Hop.net : As-tu d'autres collaborations en tête ? Un souhait peut-être ?
Je viens de sortir un remix de Faroe qui s'est échappé de Samba de la Muerte et de Concrete Knives. C'est un peu comme Holy Two, pas vraiment la musique que j'écoute tous les jours mais ça me plaisait, et j'avais envie d'en faire quelque chose d'autre ; je lui ai proposé et il m'a envoyé les pistes le lendemain. Au niveau des collabs, rien d'autre en vue pour l'instant, je me concentre sur la production de mon premier album.
Trip-Hop.net : Tu prépares donc ton premier album ; quelles sonorités vas-tu privilégier ? Un peu plus électronique, un peu moins beatmaker ?
Oui, j'ai un album qui est quasiment prêt, prévu pour l'automne. Forcément, ce que je fais avec Cotton Claw déteint sur mon propre son. Finalement, cela évolue tout le temps !
Le côté hip hop sera encore un peu là, sur quelques morceaux, mais ce sera plus électronique dans l'ensemble : tout cela résulte de l'influence de Cotton Claw, le fait de bosser avec d'autres gens, qui composent différement, pas forcément avec les mêmes outils, ça m'a beaucoup appris et donné envie d'approfondir cette veine plus électronique.
Trip-Hop.net : Comment décrirais-tu ta signature musicale ?
Coller une étiquette, c'est toujours un peu casse-gueule. Et quand tu dis " musiques électroniques ", c'est super large... Moi, je viens plus des Flying Lotus, Dimlite, Dorian Concept... et moins de cette veine " Future Beat " comme on aime bien l'appeler, que l'on peut associer à des gars comme Douchka, Les Gordon ou Fakear en France.... C'est une esthétique qui me parle moins et que je trouve un peu trop à la mode en ce moment. On a pas mal de points communs finalement, mais je me sens un peu en marge de cette vague là. Donc non, pas d'étiquette particulière, c'est de la musique !
Trip-Hop.net : Tu fais pas mal de live : un souvenir plus percutant qu'un autre ?
Je fais surtout du live avec Cotton Claw. Seul, je n'ai pas la prétention de faire 40 dates dans l'année. Pour l'instant, j'aime bien le côté intimiste de ce projet. Côté souvenir, avec le groupe, même si on n'est pas tous d'accord, c'est La Réunion : on y est partis il y a deux ans, un road trip entre copains, à faire le tour de l'île, manger et boire des purs trucs, et finalement, le concert, ça ne représentait que 1 % du séjour ! Dans notre Top 3, il y a Les Eurockéennes aussi : première fois qu'on joue devant autant de monde, dans LE festival de la région, grand moment !
Trip-Hop.net : Tu as sorti une video très sympa pour Twofold : comment envisages-tu le côté visuel ? Tu vas l'intégrer éventuellement à un projet live ?
Je ne pense pas intégrer du visuel à mon live. J'adore le côté graphique, mais plus pour une pochette par exemple. A Besançon, il y a un paquet de graphistes aussi. Depuis 2012, je bosse avec Renaud Vigourt qui est illustrateur et a un atelier de sérigraphie. Pour l'album, il va réaliser un dessin par morceau. L'idée, c'est d'en faire un poster qui sera glissé dans le vinyle. Je préfère explorer ça pour le moment. Il y a également un deuxième clip prévu pour l'automne.
Trip-Hop.net : Où rêverais-tu de jouer ?
Pourquoi pas un petit worldwide ? (rires)
J'aimerais vraiment jouer à Dour. Je pourrais arrêter la musique tranquille après. Il se passe vraiment un truc particulier là-bas que tu ne retrouves dans aucun autre festival.
Trip-Hop.net : Quel serait ton line up idéal si on te donnait carte blanche pour une soirée ?
Ça sera sans doute le cas à Besançon à la rentrée mais il est encore un peu tôt pour en parler !
J'ai découvert Max Graef il y a quelques mois, un allemand qui a monté une formule live band que j'aimerais beaucoup faire venir...
Il y aussi Nikitch, qui a remixé Ethereal sur mon dernier single. On a joué à deux reprises ensemble, à Lyon, ça serait plutôt idéal pour clôturer la soirée !
Sinon, il y a un projet tout récent à Besançon que j'aimerais beaucoup défendre, c'est Oblique. Je pense qu'on va en entendre parler (ndr : un roman illustré par une bande son et dévoilé en 3 fois sur le premier semestre 2016).
Bon, carte blanche, ça dépend aussi du budget que tu m'accordes (rires) ! Avec une belle enveloppe, Dorian Concept, Lone, Romare... Et Dimlite, et Flying Lotus... Et James Blake, Flako, Fulgeance... !
Trip-Hop.net : C'est carrément un festival, là ! Et un album electro/trip hop que tu recommandes ?
L'an dernier, l'EP éponynme de Photay m'a beaucoup marqué.
Trip-Hop.net : Pour finir, le quizz du francomtois : Cancoillotte ou Comté ?
Ah, il y en a plein d'autres : Morbier... Mont d'Or... Allez, Comté !
Trip-Hop.net : Absinthe ou vin jaune ?
Vin Jaune, avec le poulet aux morilles de mon daron !
Trip-Hop.net : Hubert Felix Thiéfaine ou Ange ?
Vin Jaune aussi !
Trip-Hop.net : Le mot de la fin ?
Elusive, le nom du prochain EP de Cotton Claw, à paraître à la rentrée !