Trip-Hop.net : Comment le groupe Plaster s'est t-il formé ?
Jean-Phi : Plaster est né d'un désir commun avec Alex de faire de l'électro. On allait voir des concerts mais on trouvait que ça manquait de performances musicales. On aimait les textures électro mais on voulait apporter en plus ce côté performance musicale. On a commencé le projet à deux et on a invité quelques fois François à jouer, puis il est devenu indispensable. On a fait six mois à deux et ça fait maintenant 3 ans que l'on est à trois.
Trip-Hop.net : Quel style revendiquez-vous ?
Alex : Il n'y en a pas un en particulier, je pense que c'est...je vais utiliser un gros mot ici mais une " fusion " de plusieurs styles qui nous intéressent : la funk, le jazz, la soul ou plus récemment la techno, la transe, des choses un peu plus transcendantales et psychédéliques, des musiques qui font bouger plus que réfléchir. C'est la nouvelle tendance de Plaster.
Jean-Phi : Je pense que le fil conducteur reste quand même l'électronique, on est encore à la recherche du son qui va être le plus " Plaster " . C'est de l'électro, on s'amuse avec ça et ça nous emmène dans plusieurs directions et c'est tant mieux car ça ne nous met pas vraiment de barrière. On garde le plus de liberté possible, il n'y a donc pas un style en particulier.
François : La constante dans le spectacle c'est que ça groove, c'est " rock attitude " et ça fait " danser ".
Trip-Hop.net : Dans vos concerts, vous travaillez souvent avec l'image. Y'a t-il un artiste Vj avec qui vous collaborez en particulier ?
Jean-Phi : On a travaillé avec une maison de vidéo à Montréal qui s'appelle Moment Factory mais récemment ça a changé, on a travaillé avec un autre artiste pour le festival de jazz de Montréal et on essaie d'élaborer quelque chose qui risque de nous prendre pas mal de temps. On voudrait synchroniser toutes les machines que l'on utilise avec l'éclairage et la vidéo pour que ce soit un " séquencé " comme la musique peut l'être. Actuellement le Vj joue avec l'image en nous suivant mais on voudrait plutôt qu'un programme puisse s'adapter à ce que l'on fait pour que ce soit dans le même esprit que la musique.
Trip-Hop.net : Vous avez sorti un premier disque " First Aid Kit " en novembre 2005 chez Parallell mais j'ai lu dans une interview que le projet était initialement prévu pour le label Ninja Tune... Pouvez-vous nous en dire plus ?
Jean-Phi : Ninja Tune avait un certain intérêt, mais ils voulaient sortir le disque en avril 2006 alors que notre album était prêt depuis juin 2005. Ca n'aurait vraiment pas été bon pour notre moral de le sortir si tard. Aujourd'hui déjà, on a un peu de mal avec le premier album qu'on a sorti car on est rendu ailleurs. S'il était sorti en avril, on aurait été trop en décalage.
Trip-Hop.net : Quelles sont vos influences et notamment chez Ninja Tune ?
François : Il n'y a pas vraiment d'influence en particulier mais si on devait citer un artiste en particulier ce serait Amon Tobin.
Trip-Hop.net : Vos performances scéniques sont toujours très impressionnantes. Quelle est la part d'improvisation ?
François : Je dirais pour simplifier le truc qu'on part d'un point A et on va à un point B. On sait toujours où on commence et où on va terminer mais entre les deux la place de l'improvisation est très importante. Avant c'était plutôt traité dans l'optique jazz avec des solos maintenant c'est plutôt dans les textures, le groove et les sélections.
Trip-Hop.net : Avez-vous envisagé un projet d'enregistrement live ?
Jean-Phi : c'est effectivement en préparation...
Trip-Hop.net : Comment fonctionnez-vous au niveau de l'écriture et de la composition ?
Alex : On travaille beaucoup à trois, ça surprend plusieurs mais souvent on jam ou chez vous " on fait un un boeuf " et après on réécoute et on capture la viande et les choses intéressantes !
François : oui on fait un bon party..(rires)
Alex : et on remixe ensuite .
Trip-Hop.net : Vous vous êtes produits en France notamment aux vieilles charrues et dans des premières parties d'High Tone...
Jean-Phi : Oui High Tone c'était effectivement dans un festival qui s'appelle " Au Foin de la rue " et aux Vieilles Charrues pour une soirée " Québec " avec des artistes de Montréal électro , notamment Champion et Ghislain Poirier.
Trip-Hop.net : Jouez-vous avec d'autres artistes que Plaster ?
Jean-Phi : oui on est des musiciens " professionnels "
François : (rires) " semi-professionnnels " !
Jean-Phi : on joue tous les trois dans d'autres groupes, il n'y a aucune barrière à la création, on se donne beaucoup de liberté.
(ndlr : Alex joue notamment avec Daniel Béranger, Lhasa, Arianne Moffat, Jean-Phi avec Dumas, Martin Léon et avec Afrodizz tout comme François).
Trip-Hop.net : Que pensez vous du public parisien/français ? Y'a t-il une différence entre l'accueil canadien et l'accueil français ?
Jean-Phi : Canadien c'est un grand mot...(rires)
Trip-Hop.net : Oh pardon !
François : Pas d'offense !
Jean-Phi : Le Québec et le reste du Canada sont très différents. Au niveau du public, si on compare le public canadien avec le public français, vive le public français ! et si on compare le public québécois avec le public français c'est égal.
Trip-Hop.net : En France on ne trouve votre disque qu'en Import, y'a t-il une sortie fr prévue ?
Jean-Phi : c'est dans nos projets mais ça n'est pas prévu ! (rires)
Trip-Hop.net : Dans votre dossier de presse il est écrit que vous avez travaillé avec Lauryn Hill. Pouvez-vous nous parler de ce projet ?
François : Ca devait être l'album des Fugees et en même temps l'album de Lauryn Hill.
Jean-Phi : On a travaillé un mois et quelques avec elle, mais le projet n'a pas abouti car Lauryn Hill a eu de gros problèmes avec sa maison de disque. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles elle n'a pas sorti d'albums depuis huit ans...Je ne pense donc pas qu'il n'y ait de suite à ça.
François : mais c'est toujours bon à écrire ! (rires)
Trip-Hop.net : Une question au coeur de l'actualité française... Actuellement en France, on accuse le téléchargement illégal de tuer l'industrie musicale quelle est votre position par rapport à cela ?
Jean-Phi : c'est une grosse grosse question...
François : On en a beaucoup débattu pendant notre séjour ici. Au Québec, par exemple, le phénomène n'est pas aussi important et quand on veut prendre un exemple grave au niveau du téléchargement on parle effectivement de la France. Je pense que la France est le pays qui a le moins vu venir les conséquences. Il y a d'autres façons de faire de l'argent maintenant que de vendre des cds et la France ne l'a pas vu venir. La situation actuelle est catastrophique et donc difficile à récupérer. Le mal est fait. Au Québec il est très rare de voir des Québécois télécharger ou copier des cds québécois, ils copient ou téléchargent les musiques des autres pays mais sont très fidèles au Québec.
Jean-Phi : C'est vrai que la France télécharge vraiment beaucoup par rapport notamment au public Québécois. J'ai de la famille en France et il est rare quand je regarde leurs cds, qu'ils aient des cds achetés. Une part de la faute revient à l'industrie musicale qui a mal préparé tout ça.
Trip-Hop.net : Pensez-vous que le problème français puisse être lié à l'état actuel de sa " politique " de production phonographique?
Alex : Je ne pense pas qu'un produit de qualité soit moins téléchargé qu'un produit plus commercial, c'est plus une question de facilité.
François : C'est sûr que la variété française prend beaucoup de place de ce que j'ai compris ici avec Star Academy par exemple.
Jean-Phi : J'encourage d'ailleurs le monde à télécharger et à copier Star Ac ! (rires)
Trip-Hop.net : Dernière question... Traditionnelle : quel est aujourd'hui votre rêve musical ?
Jean-Phi : être riche, célèbre et avoir plein de femmes et plein de drogues
François : et une piscine
Alex : les femmes et la drogue dans la piscine ...