Trip-Hop.net : Simon bonsoir. Ton dernier album " Days to Come " paru en octobre 2006 connaît un franc succès auprès des auditeurs amateur et reçoit de bonnes critiques de la part des médias. Comment réagit le public lors de tes concerts?
Bonobo : Bonsoir. Le public réagit bien, très bien même. Je prends beaucoup de plaisir à jouer ces derniers morceaux, et le public semble apprécier. On dirait, par contre, qu'il connaît moins cet album que les précédents. Les gens sont plus réactifs aux morceaux de " Dial M for Monkey " et d' " Animal Magic ".
Trip-Hop.net : Ta tournée française s'achève bientôt, quel bilan en tires-tu?
Bonobo : La tournée s'est bien passée. Le concert à Paris à La Cité de la Musique était irréel, tant le cadre était magnifique. C'était vraiment... civilisé! J'ai d'excellents souvenirs du concert à Lyon. Un mec a renversé son verre sur la sono, et un bruit assourdissant a envahi la salle. On a réparé comme on a pu et le public est resté, on a fini le concert en improvisant. Il y avait vraiment une bonne ambiance.
Trip-Hop.net : Quel est ton état d'esprit quand tu joues dans une si petite salle (300 personnes au Fuzz'Yon) alors que tu as investi les plus grandes scènes du monde?
Bonobo : Peu importe le nombre de personnes présentes. L'important c'est l'atmosphère que le public et le groupe crée ensemble, il faut que tu aies un retour quand tu joues. J'ai fait certains de mes meilleurs concerts dans de petites salles.
Trip-Hop.net : Tu sembles utiliser de moins en moins de samples pour créer tes morceaux. Comment s'est passé l'enregistrement de Days To Come ?
Bonobo : J'ai enregistré cet album en créant tous mes samples moi-même...lignes de basse, rythmique, guitare... J'ai enregistré chaque instrument avant d'assembler le tout. Ca m'a pris un an au total, même si certaines pistes étaient en projet depuis plus longtemps. J'ai contacté mes amis musiciens pour qu'ils m'accompagnent sur scène.
Trip-Hop.net : Penses-tu que l'abandon du sampling soit une finalité pour un artiste " électronique " ?
Bonobo : C'est difficile à dire... Je ne me suis jamais réellement considéré comme un artiste électronique, j'ai toujours accordé une grande place aux instruments dans mes productions. Je vois plutôt cela comme une progression, j'avais besoin de changer certaines choses par rapport aux albums précédents, et ce changement passait forcément par un plus grand travail de composition. Je continue à utiliser des samples très courts, mais ça peut vite devenir restrictif.
Trip-Hop.net : La grande nouveauté de ce dernier album, c'est le chant, avec Fink et Bajka. Comment s'est passée cette collaboration ?
Bonobo : Fink est un vieil ami à moi, c'était son idée d'enregistrer If You Stayed Over. Des amis m'avaient parlé de Bajka, et j'avais aimé sa voix. Les pistes étaient presque terminées lorsqu'elle est venue pour enregistrer dans mon studio.
Trip-Hop.net : De plus en plus d'artistes " vocaux ", comme Fink ou Pop Levi, ont signé chez Ninja Tune, ton label. Est-ce un tournant pour le label, un virage " electro-pop " ?
Bonobo : Il n'opère pas véritablement un changement. Je pense que la musique anglaise s'oriente de plus en plus vers des groupes, avec du chant, plutôt que vers des DJs. Ninja Tune suit simplement l'évolution de la scène musicale. Aujourd'hui la technologie s'est démocratisée, et les sons novateurs d'il y a dix ans sont accessibles à n'importe quel possesseur d'ordinateur portable. La nouveauté n'est plus du côté de la maîtrise technologique mais plutôt de la composition, et je pense que c'est une bonne chose !
Trip-Hop.net : Tu ne te décideras pas à chanter?
Bonobo : Non, je ne sais vraiment pas chanter.
Trip-Hop.net : Merci de nous avoir reçu et d'avoir répondu à nos questions. Bon live!
Bonobo : Pas de problème! Vous restez pour le concert? Ok j'espère que ça vous plaira.
S'en suivi un concert magnifique, une prestation de grande qualité, mêlant les plus grands succès de Bonobo aux nouveaux morceaux extraits de " Days to Come ". Bajka, et sa voix chaleureuse, a envouté la salle, tandis que Tom Chant, au saxophone, a régalé le public par sa prestation hors norme. Nous remerçions Bonobo pour son accueil, et adressons un grand merci à Ben du Fuzz'Yon, qui nous a obtenu l'interview.