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David Grumel nous révèle 'Beaurivage', l'événement pop orchestrale made in France de cette rentrée 2005

David Grumel est un perfectionniste. De nature anxieuse, posée, attentionnée, cet amoureux de la musique a choisi comme compagnons de route un ordinateur (depuis longtemps), et pour mettre au monde son 1er album 'Beaurivage', Bardi Johannsson (Bang Gang, Lady & Bird), Brian Reitzell (BO de Lost In Translation) et naïve.

Fruit de plusieurs années de rencontres, de travail et d'idées lumineuses, 'Beaurivage" est enfin à votre portée. Ici, on adore.

Trip-Hop.net : Hello David. 1ère question : peux tu nous dire comment tout a commencé pour toi, musicalement parlant... ? As-tu en tête le 1er souvenir qui a déclenché tout le reste ?

DG : C'est le piano, à 6 ans, en pleurant. Pendant plusieurs années, je rêvais que mon prof était mort... (rires) Et puis en fait un jour, je suis " sorti " du morceau que j'étais en train de jouer... j'ai laissé mes mains jouer, je me suis rendu compte qu'il y avait autre chose que les gammes et le reste, je me suis dit " il y a peut-être un truc là " et j'ai commencé à jouer pour la première fois, autre chose que du classique... et j'ai trouvé ça formidable. Peu de temps après, j'ai été dans un 1er groupe à 11 ans (les autres membres avaient plutôt 17-18 ans) et où on a fait des reprises de groupes du genre Téléphone, Eagles, folk-pop-rock. J'ai fait partie d'un second groupe (là encore avec des musiciens plus âgés que moi) et on a gagné un concours national à l'époque, qui nous a permis de sortir un 45 tours et de passer an radio nationale... Le groupe s'appelait Infinitif. Après ces " expériences " , j'ai réalisé qu'être musicien artiste était très difficile... j'ai réfléchi et je me suis dit qu'il fallait que je trouve un métier dans la musique où je puisse exprimer mes envies : vers 18 ans, j'ai tout fait pour devenir ingénieur son. Je suis parti à Lyon en tant qu'assistant dans un grand studio pendant 2-3 ans... jusqu'à ce qu'il ferme. Je suis alors reparti chez mes parents et fait d'autres rencontres. On a remonté, avec 2 autres musiciens, un groupe ("State Of Soul') et on a sorti un album. Cette nouvelle étape s'achevant, je me suis rendu compte qu'il me manquait une chose essentielle, un truc sérieux : je n'avais pas de piano... On en louait un chez mes parents, mais je n'en avais pas un à moi, tu vois... Je fais donc tous les jours de la musique, dans des contextes différents, en créant ou pas, payé ou pas payé, je m'en fous. Je n'ai jamais fait de la musique pour gagner de l'argent... Si ça avait été le cas, je serais vraiment dans un écran noir total. En fonction de la charge de travail, je donne 2 - 3 jours par semaine des cours et le reste du temps (avec un accent roulé d'artiste latin) "je fais de la mousique et je suis compositeurrr...' (sourire). C'est une vraie liberté : tu as des musiciens qui te diront que la musique c'est la façon " dont ils s'expriment " tout ça, moi c'est l'inverse, c'est un plaisir et c'est naturel, pas besoin de se forcer...

Trip-Hop.net : Oui pour toi c'est une forme d'expression peut-être plus mature et plus réfléchie ?

DG : Ce que je veux dire, c'est que tu n'as pas besoin de ça pour manger, c'est pas un luxe.. de tout façon la musique ça ne sert à rien ! Ca ne sauve pas des vies... ça peut être agréable éventuellement. Mais il est impossible de vivre sans musique... La musique est inutile et donc forcément indispensable...C'est pour ça que j'aime cette idée de faire de la musique pour rien, pour se faire plaisir, il n'y a pas tout le busines derrière. Si tu considères après tout le business (dans mon cas, avoir signé chez Universal et naïve) et que tu le prends au sérieux, tu prends de gros risques de tout dénaturer. Ca me fout la trouille. Tu peux ne plus faire les choses de la même façon : t'inquiéter de rentrer en radio, penser à un " formatage de ton prochain album, et paf t'es mort.
THN: Es-tu en train de me dire qu'il n'y aura qu'un seul Beaurivage de cette liberté là ?
DG : Non, justement, je me bats pour qu'il y en ait d'autres... Parce que je préfèrerais ne pas en faire que d'être soumis à autant de contraintes. Là Beaurivage décolle, mais je sais que ne referai pas exactement la même chose (si demandé) pour atteindre des objectifs. J'ai 34 ans... J'ai envie de donner de bons moments aux gens, mais je n'ai pas la prétention de faire dans l'innovateur ou dans la révolution de l'industrie du disque. J'aime écrire et mon plaisir c'est de collaborer...Mon voeu le plus cher, c'est que ça favorise les rencontres et les collaborations et non d'avoir ma tête sur une pochette d'album. Les chemins de l'ombre ça me va très bien. Là c'est un chemin de traverse, ça me plaît beaucoup, mais c'est presque une erreur de parcours me concernant !

Trip-Hop.net : Rappelle nous d'où tu viens ?

DG : J'habite à Annecy, sur les bords du lac... (740 habitants) et je suis né à Albertville... Je suis vraiment d'ici, ce matin j'étais chez mes parents...J'adore à mort. Je poursuis des rêves, je rêvais petit de vivre à côté de ces lacs (Annecy, Léman, etc), et bien voilà... C'est somptueux ici.
THN : Et en plus tu es éloigné de la faune hystérique de la musique parisienne...
DG : Je ne ferais pas la même musique si je vivais à Paris... Je pense pouvoir transmettre quelque chose de plus frais et serein, moins " branchitude ", et sans vouloir afficher aucune prétention, peut-être plus intemporel. Chacun de mes titres est comme un polaroïd, comme un souvenir instantané. Souvent ça vient comme ça - parfois ça ne vient pas... même souvent ça ne vient pas (rires) - mais mes compositions répondent à un souvenir, à une fraîcheur. A la première écoute, ça peut paraître 1er degré, mais Beaurivage peut se lire de maintes façons différentes... Je m'égare comme d'habitude, car je parle beaucoup trop... Tu sais je ne parle jamais donc là je me lâche depuis le lancement de l'album (rires).

Trip-Hop.net : Revenons à l'année 1999, un peu ton année de naissance quelque part...

DG : Oui, en 99, je fais le constat que je n'existe pas. Vraie prise de conscience. Difficile de collaborer avec d'autres musiciens ou de produire ou sortir quoi que ce soit, car je suis inconnu. Le plus gros projet devait atteindre quelques centaines d'exemplaires... C'est alors que je rencontre Franck Grillet (label Interzone / Discomobile) : tout commence ici, en parallèle avec www.peoplesound.com à qui j'avais envoyé quelques démos, sous le nom David Grumel (donc pas de pseudo, rien). Et en quelques semaines, je me suis retrouvé n°1 en France (en nombre de téléchargements...). Je me suis dit " bien sûr, bien sûr ..., c'est ça... " mais en fait il semble que ça ait vraiment marché...ils avaient reçu 3500 requêtes de téléchargements, ce qui était ( - et est encore aujourd'hui - , ndr) un très gros score. Et ça a continué, je me suis retrouvé N)1 en Italie, en Espagne, en Hollande, en Angleterre... là encore en nombre de téléchargements. On a reçu des messages du Japon aussi, enfin vraiment dingue. THN : c'étaient quels titres ? Les titres à l'époque étaient "Lifestyle' et "Revolution Beat', squelette de ce qu'est devenu "The Revolution Beat' sur Beaurivage. On a donc reçu des messages de partout : Finalnde, Canada, USA, etc. Un de mes 45 tours a même décroché une compilation au Japon ("Sound Of Garden') et il y a un truc spécial qui passe bien au Japon... Les compilations se sont d'ailleurs enchaînées par la suite, peoplesound m'a même décroché des habillages de spots télé. Là c'est devenu dingue, tu vois tu es chez toi, tu regardes la télé et d'un coup tu entends ta musique, genre à 19H50... C'est dans cette époque colorée que le label Kubik m'a décroché une entrevue avec Universal... Pareil : même réaction, je leur ai dit " bien sûr, bien sûr ..., mais oui mais oui... " et un soir j'ai reçu un appel du DA d'Universal... "Bonsoir, on aimerait vous rencontrer, venez à Paris, on serait intéressé d'en savoir plus et de vous proposer un deal en tant que compositeur chez nous... ". C'est un peu Disneyland pour moi... après toutes ces années à attendre que le téléphone sonne, tout commençait à arriver. Et ce, même si au fond de moi, signer un contrat ou pas ne révèle, ni à toi ni aux autres, si tu as un " vrai " talent ou pas. C'est aussi à cette époque que j'ai rencontré UCMG (aujourd'hui devenu Undercover, label de Wax Tailor, ndr) et naïve. Et la signature est tombée chez naïve après 2 ans d'allers-retours (avec d'autres labels et intervenants) pour l'album et chez Universal en tant que compositeur sur des projets divers. Je suis très heureux que Beaurivage sorte chez naïve d'ailleurs. Mais c'est vrai que dans la musique, tu peux croire être à 2 doigts de ne jamais signer ton disque, et finalement le sortir d'un coup grâce à un seul appel... C'était en février 2003.

Trip-Hop.net : C'est donc là que Beaurivage est né... et que tu as commencé à voir qui serai(en)t ton ou tes compagnons de route pour l'habiller et le peaufiner ?

DG : C'est ça. J'ai commencé avec un très proche collaborateur de Perry Blake. Ca n'a pas marché, et c'est là que j'ai rencontré Bardi Johannsson (Bang Gang, Lady & Bird). THN : Bardi, qui est une pointure internationale... Oui, même si les Sigur Ros n'ont pas vraiment adoré son travail avec moi (cf Blind Test de Trax). Je connais bien le batteur d'ailleurs (Orri Páll Dýrason), un soir à Reykjavik on avait fait une bonne soirée avec Brian Reitzell, Bardi Johannsson et lui. Je sais qu'ils sont toujours très critiques et il faut bien se prendre des claques... mais bon je m'en fous parce qu'on ne fait pas du tout la même chose eux et moi. Moi j'adore ce qu'ils font... c'est juste incomparable ce qu'ils font et ce qu'on fait. Sinon, pour revenir à mes compagnons, que ce soit Bardi Johannsonn ou Bran Reitzell (batteur live, ami de Sofia Coppola, réalisateur de la BO de Lost In Translation, proche collaborateur de Turin Brakes et de Beck...), ils ont apporté chacun à leur façon la touche idéale et parfaite qu'il fallait pour embellir Beaurivage... Bardi (co-réalisateur et co-producteur du disque) a cet instinct artistique qui fait la différence : il sait qui doit jouer, comment, et sait où il va... Brian avait par exemple ce son alternatif et live qu'il nous fallait, ou encore Thorvaldur B. Thorvaldsson (arrangeur de cordes sur "Brand New Pop Song' et "The Revolution Beat') ou l'orchestre philharmonique de Reykjavik... J'ai appris énormément avec eux ; ça m'a permis de prendre du recul par rapport à ma propre " école ". Ils étaient vraiment des complices idéaux, formidables.
Et puis c'est ça qui est dingue, c'est que là où on a enregistré, à Reykjavik, tu n'as pas le choix, tu fais avec les artistes sur place, tu ne peux pas partir, tu fais. C'est plein d'artistes talentueux, curieux, comme Sigur Ros, Mum, Emiliana Torrini, Mugison, etc...

Trip-Hop.net : Si on résume, Beaurivage était prêt en 2003 et c'est donc 2 ans de postproduction avec des complices de qualité qu'il aura fallu pour arriver au beau disque qui sort dans 3 jours...

DG : Oui, les titres n'ont pas changé dans la mélodie. Mais ce qui avait été fait il y a 2 ans était la base. Tout a été optimisé, développé, revu en plus grand...Au final, l'esprit éclectique est là, ça va de la soul, à la pop, au downtempo / trip-hop, à l'électro-jazz, à l'orchestral symphonique... tout cela contribue à une force spontanée, de fraîcheur. Ca te fait une bande-son idéale pour te détendre, pour réfléchir, pour contempler... Ca reste très spontané et naturel. Lors de ma prise de conscience en 99, j'avais aussi décidé de rendre bon nombre de mes compositions plus accessibles, plus simples... Si tu prends le titre Beaurivage, il n'y a que 2 accords... alors que "Until The End Of Time' est resté très fleuri, complexe et mélodiquement riche. J'aime ce qui est ambivalent. J'ai voulu que l'album Beaurivage s'écoute en entier, sans que personne ne se lasse. THN : et bien c'est réussi ! Je te remercie... Je ne vais pas te faire de langue de bois : je suis très heureux du résultat... j'ai écrit 250 titres... donc je suis conscient du résultat... des années de travail, de construction. C'est 4 ans de travail, de rencontres...

Trip-Hop.net : Et donc tu chantes...

DG : Oui... c'était pas prévu du tout. A l'époque des premières maquettes, il y avait plein d'invités... (comme Zero 7,ndr) et puis les gens autour du projet m'ont demandé de faire des tests, de faire des prises, etc. Moi je suis un grand fan de Billie Holliday, de David Bowie, de Malia...c'est pas moi tout ça (rires). Mais je suis de nature téméraire, donc j'ai essayé et ça a marché. Tu sais que plus tu fais intervenir de monde dans un projet, plus c'est complexe (voyages, disponibilités, etc) donc progressivement j'ai pris la partie vocale. Sauf sur "Overground (1971)' où Brian Mc Partlin chante. Il a co-écrit la plupart des titres de Beaurivage avec moi . Il chante dans un groupe de pop-rock et je trouve qu'il a une super voix...De toute façon, la vie est faite de rencontres...THN : comme celle de Billie Holliday... Très importante rencontre effectivement...C'est Franck Grillet qui l'en avait parlé, je ne connaissais que de nom à l'époque. J'avais travaillé sur "Djazz Tribute' à l'époque et j'avais quasiment terminé le morceau quand un soir j'ai calé la version que Franck m'avait prêtée... et là " bon d'là de la croquette " (cf les Fraggle Rock). Là encore ce qui compte, c'est que ce que tu composes soit pérenne dans le temps...Et c'est clair que Beaurivage est le fruit de travaux de différentes époques, il y a 11 titres mais c'est un panorama de plusieurs temps...C'est génial de pouvoir en parler maintenant (sourire).

Trip-Hop.net : Aura-t-on l'occasion de te voir en live ?

DG : c'est marrant, tout le monde me pose la question ces jours-ci... De base, je pars en courant... donc essaie de retrouver mon adresse ! voilà ma première réponse. Maintenant, je peux te dire que j'y travaille, on sait qu'il y a une demande réelle et de plus en plus récurrente... Il faut que l'on trouve la bonne formation sur scène (entre formation organique, minimaliste ou développée, folk ou digitale ?) et à partir du moment où j'irai sur scène, ce sera pour faire un truc bien et travaillé. Si je ne le sens pas ou que je n'ai pas envie de le faire, ça ne se fera pas. Là j'ai fait mon baptême en Belgique (chez Pure FM) où j'ai du jouer en solo-live "Brand New Pop Song'.

Trip-Hop.net : Tes projets ?

DG : J'ai déjà des morceaux en projet, mais rien de concret pour annoncer un potentiel nouvel album pour l'instant. On sait tous que le vrai 1er album est le second... THN : Je ne suis pas d'accord mais bon... Oui peut-être... Enfin sinon j'espère pouvoir collaborer avec des artistes, je suis en contact avec certains et j'espère que ça va aboutir ! Sinon, je travaillerai ponctuellement sur des pubs, des remixes, éventuellement si l'occasion se présente une bande originale de film, etc. Que ce soit une pub ou un album, pour moi la nature du travail reste la même. J'adore Malia, Keren Ann, des talents authentiques et véritables, qui ont un vrai charme... Je n'exclue rien : ce que j'ai envie, c'est de continuer à échanger et à construire avec d'autres.

Trip-Hop.net : Quel est ton rêve musical ultime David ?

DG : Ahh... (silence) Il est multiple. Que Beaurivage continue à recevoir l'accueil qu'il a aujourd'hui et qu'il me permette de poursuivre avec un 2nd album et d'autres projets. Et c'est de continuer à composer, à faire des projets intéressants avec des gens formidables. Toujours avoir l'inspiration, être varié... Remixer, composer, écrire, en gardant le même esprit authentique, quitte à être critiqué. La musique n'est pas un métier, c'est un pur plaisir.

Propos recueillis par : Dude.
 
 
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