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C'est à chaque fois une gageure que de chroniquer un nouvel opus de Massive Attack. En effet, comme pour tous les grands groupes qui ont réellement marqué l'histoire de la musique pop-rock de leur empreinte, chaque nouvelle livraison est l'occasion de deux attitudes récurentes:
- le fan inconditionnel, qui trouve que tout ce que son groupe préféré réalise est génial justement PARCE QUE c'est son groupe préféré!
- le "charognard", qui s'empresse de constater amèrement (mais avec un plaisir malsain longtemps attendu) que son groupe fétiche n'est plus ce qu'il était, que le talent n'est plus au rendez-vous, qu'"ils étaient bien meilleurs avant" et qu'il sentait bien que c'était la fin (il l'avait d'ailleurs bien prédit).

Entre ces deux attitudes caricaturales, il n'est pas toujours aussi facile qu'il n'y parait de garder une oreille neuve et de juger un groupe majeur comme Massive Attack "sur pièce", sans se rattacher au passé. Ceci est d'autant plus vrai lorsque cette nouvelle livraison est une Bande Originale de film, genre éminemment casse-gueule où l'artiste doit louvoyer entre autonomie et créativité, et contraintes liées au rythme du film et à son atmosphère.

Premier constat classique pour une BO, sur les 21 titres proposés, seuls 6 dépassent les 3 minutes. Inutile donc de chercher à considérer ce disque comme un album, et parfois la frustration s'installe lorsque certains titres semblent se terminer prématurément (comme "Collar stays on" par exemple). Conformément à ce que laisse présager le scénario du film, on assiste à une alternance de titres électros rapides aux sonorités saturées assez fidèles au style de Massive ("Polaroid girl", "One thought at a time", "I am home"...), avec des titres nettement plus calmes principalement composés de piano et de violons ("Sam", "Right way to hold a spoon"...) et qui font très nettement penser aux compositions de Craig Armstrong, grand spécialiste de la BO downtempo et vieux compère de Massive Attack. Le point d'orgue de l'ensemble est sans doute le titre "Danny the dog" (presque 6 minutes) qui reprend les sonorités et les thèmes essentiels du reste des morceaux, et mélange les genres.

Comme à l'accoutumée, le son proposé par Massive est très travaillé et fourmille de détails, et plusieurs écoutes attentives seront nécessaires pour percevoir la richesse des compositions. Mais on regrettera bien sur l'absence de voix, dont on peut penser qu'elles auraient contribué à apporter à tous ces morceaux plus de sensualité et un peu moins de froideur.

Jérôme

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