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En hip-hop instrumental, deux choses me font particulièrement saliver, truculemment suinter le nez, délicieusement frétiller le caleçon. Petit un, le sample bien fait, bien senti, bien calé. Proprement découpé, peu importe son origine, vocal ou instrumental, exotique ou non. Un sample bien fait, c'est souvent gage de plaisirs auditifs. Le petit deux, c'est un son massif. Lourd. On veut du grandiloquent, du charpenté, du maouss costaud. Que l'on pose ses prods sur la table, que l'on soit dans l'entertainment.

Autant annoncé la couleur immédiatement, cet opus de Senbeï, moitié de Smokey Joe & The Kid, arrangeur pour Deluxe et que l'on a entendu également avec Tha Trickaz entre autres, regroupe tout ça et bien plus encore ! De la collaboration de qualité, du break de ci et de là, du massif et de la subtilité, comme ce sublime tribute à Nujabes avec DJ Nixon (bordel, ces six notes de piano sont entêtantes au possible, c'est beau).

Senbeï est allé au Japon, pays fantasmé et fascinant pour le producteur, de par sa promiscuité avec un apocalypse futuriste et technologique. De ce voyage, il en a tiré des rencontres (Kentaro que l'on ne présente plus, ShingO2 que l'on a entendu sur la BO de Samurai Champloo). De ce voyage s'extirpe 15 titres imparables. Dès premières notes de d'Akuras au sample final de T'en va pas, vous hocherez la tête, opineriez du chef, bougerez vos cheveux, vigoureusement, à tel point qu'une écoute au casque vous fera passer pour un être bizarre en public.

Les influences sont digérées, la patte est léchée, l'ensemble a enfilé ses plus jolis dessous et est affriolant en diable. On a beau retourné la galette dans tous les sens, aucune fausse note n'en ressors, aucune faiblesse (si ce n'est peut-être l'originalité, des disques inspirés par le pays du soleil levant sont légions ces derniers temps, mais quand ils sont d'aussi bonnes factures, on ne peut que s'incliner sur le travail effectué). Prenez le morceau éponyme au disque, Ningyo, ces chants de sirènes, ces cuivres massifs, ces petits moments de répits ponctués par des samples vocaux faisant penser à ceux de RJD2 sur The Horror. Vous commencez n'importe quel concert avec un morceau comme ça, vous transformez la salle en arène, les spectateurs en public avides de défouloir et l'artiste en harangueur de foule.

Et des temps forts comme ça sont nombreux, amateurs de rap savamment posés, laissez vous charmer par Ryori où on retrouve avec plaisir Youthstar et ASM - petit aparté perso, la façon de poser sur ce morceau, toute proportion gardée, me fait penser à celle de Jurassic 5, et c'est là qu'on mesure l'influence majeure du crew de LA sur le monde du rap, écoutez, écoutez encore et encore Jurassic 5 -, par Edge of the Universe ou encore par Photo de Classe.

Entendre Ningyo, c'est, comme dans les légendes antiques, être charmé dès les premières notes, rester fixé, bloqué sur toute la longueur du disque au point de se noyer dans ses limbes musicaux. Sans s'en rendre compte, on est happé, béatement.

Valer

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