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Le silence. Instant magique. Élément essentiel où la cristallisation des attentes s'opère. Où l'impatience cherche à se concrétiser. Ce moment où la mèche crépite avant l'explosion. Le silence a un pouvoir absolu. Les japonais l'élève au rang d'art, que ce soit dans leur théâtre ou lors de négociations importantes, pour imposer une fin de non-recevoir. Avec un silence, une respiration, un regard, on arrive à dire beaucoup plus qu'avec des mots. A faire beaucoup plus qu'avec des gestes.

Silens. Trio parisien qui commence à faire parler de lui, suite à leur premier EP, Silens EP. Grâce à leur approche de la musique. Grâce à leur sensibilité également. Depuis bientôt deux ans, Silens cristallise les attentes. Et avec leur dernier EP, Luna Silenti, toute l'impatience qu'ils suscitent se concrétise un peu plus.

Imaginez un peu. Une dose de claviers. Une de guitare. Et on saupoudre le tout d'une boîte à rythme. La recette est pourtant simple, mais quand les ingrédients sont bons, on obtient quelque chose d'unique.

La musique de Silens prend du temps à s'installer, car chaque morceau se construit petit à petit. Ici, vous ne trouverez pas de morceaux versant dans la précipitation, allant à l'essentiel. Toutes les oeuvres durent 7 minutes ou plus, afin de leur laisser le temps pour prendre du corps, de l'ampleur. Et car, après tout, c'est le cheminement qui est le plus intéressant dans la pensée créatrice, moins le résultat. Luna Silenti est un joli mélange de l'ensemble des influences des trois musiciens. Si l'on peut entendre des notes d'orient sur Resonare Fibris ou Labii Reatum, on retrouve également l'essence du jazz par des passages que l'on jurerait improviser, le groove du funk grâce à la guitare sur Mira Gestorum ou encore une rythmique syncopée propice à la transe shamanique. C'est d'ailleurs cette rythmique qui sert d'ancrages, de fondations aux égarements des deux autres compères.

La transe, justement, se retrouve lors de la captation live d'un set du groupe, qui fait office de face B de l'EP. Nocte Vivies est une parenthèse d'une demi-heure, savamment orchestrée. Commençant tout en retenue, il s'achemine avec des accents " doorsiens " jusqu'au deux tiers de la prestation pour finir sur cette fameuse transe orgasmique.

D'après Louis Lavelle, philosophe français du début du siècle dernier, " le silence est un hommage que la parole rend à l'esprit ". Eh bien, on peut dire aisément, et sans trop se tromper, que Luna Silenti est un hommage que rend Silens à la musique. Un bel hommage même.

Vivement la suite !

Valer

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