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Amateur en quête de douces mélopées et de mélancolie tranquille, passe ton chemin, cette chronique n'est pas pour toi. Toi, fervent disciple d'une culture électro débridée, viens célébrer avec moi, après plus de 15 ans d'absence, le troisième album de Leftfield. Qu'était devenu le duo britannique qui avait marqué de son empreinte indélébile toute une génération avec son désormais incontournable Leftism, monument de l'année 1995, puis enfoncé le clou avec l'excellent (même si moins bien acueilli) Rhythm and Stealth en 1999, s'y payant quelques collaborations plus qu'alléchantes (Roots Manuva, Afrika Bambaataa) ? Tous les espoirs étaient permis avec ce beau frémissement, cette tournée/pélerinage de 2010, histoire de raviver la flamme auprès d'une fanbase définitivement acquise à la cause. Enfin le 8 juin dernier, sort Alternative Light Source qui signe un retour que l'on n'attendait plus, avec Neil Barnes seul maître à bord pour relever le défi face à nos oreilles en alerte. Autant le dire tout de suite, ce nouvel opus, même s'il ne sonnera jamais comme l'épique Leftism (ce qu'on ne lui demande pas d'ailleurs), a tous les atouts pour électriser les foules de 2015. D'entrée, Bad Radio, sur lequel on retrouve Tunde Adebimpe (qui avait collaboré avec Massive Attack en 2009 sur Pray for Rain), fait trembler le sol avec la promesse que tout peut encore s'accélérer. La techno brute, implacable et haletante de Universal Everything ou Shaker Obsession ne fait pas de quartier, tandis que Dark Matters aux vagues synthétiques, le titre éponyme (trop court !) ou le fantomatique Levitate for You se permettent l'appaisement... Head and Shoulders s'en va explorer le hip-hop avec Jason Williamson de Sleafords Mods ; l'aiguisé Storm Ends rappelle l'album démoniaque King Night des américains de Salem. Sans oublier les prestations de Channy Leaneagh (Poliça) sur Bilocation et Little Fish, cyber voix et cyber rythmiques... Au passage, Alternative Light Source délaisse les influences dub et reggae : moins éclectique que ses prédécesseurs, l'album gagne en cohérence pour certains, perd en audace pour d'autres... Peu importe au fond, car la quadra que je suis, celle qui (eh oui) préférera toujours Leftfield à Portishead (*), ne retient qu'une chose : Leftfield est revenu, les gars, avec cette house à la fois mélodique et rageuse, évidente et complexe, ce son unique, précis, qui secoue, qui tabasse, qui éclabousse et enrobe comme jadis... Oui, c'est bon d'avoir vingt ans à nouveau.


(*) les deux groupes étaient en lice pour le Mercury Price de 1995, que Dummy finalement emporta.

Lacar

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