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Après nous avoir séduit il y a quelques mois avec un titre prometteur, the Great Nest, le duo russe The Grus, composé d'Alexandra Zhuravleva (voix, piano) et Simon Gendor (claviers, guitare, basse, machines), sort sur le label norvégien Follyphone Records un premier album qui nous ramène en quelque sorte aux sources du trip-hop. Sans prétendre révolutionner le genre, The Grus apporte sa pierre à l'édifice en nous livrant une version toute personnelle pleine de sensibilité et d'originalité. S'inspirant des pionniers bristoliens, Nest commence par des morceaux parfaitement calibrés pour satisfaire l'amateur le plus exigeant. L'orchestration de To Be A Child inaugure efficacement l'ensemble avant l'excellent Welcome To The Night, sensuel et langoureux, que n'aurait pas renié un Tricky lors de ses flamboyantes années... Sans compter le majestueux The Great Nest qui donne juste envie de planer indéfiniment sous l'azur... Au brin de psychédélisme grâce à des instruments hérités d'une période révolue (God Is In The Rain) ou à l'atmosphère froide, étrange et inquiétante de A Secret Place ou Take Me, succède bientôt un registre plus délicat, au charme presque suranné. Home ressemble à un délicieux oldie où la formidable voix d'Alexandra, qui n'a rien à envier aux plus grandes, prend des accents de Nancy Sinatra. Quand elle se met à chanter en russe sur une mélodie légère et douce amère (Jupiter), l'auditeur bascule vers un autre album, intime, mélancolique, reflet d'une certaine âme slave, où le temps qui s'étire et les espaces infinis deviennent des compagnons quotidiens. L'interlude October Road sur fond de train qui file, qui rappellera Yann Tiersen à certains (Good Bye Lenin), est tout simplement touchant, avant que le piano de So Glad I'm Here, empreint de poésie, ne s'efface doucement.

Voilà un singulier voyage auquel nous convie The Grus dont on saluera la synthèse particulièrement réussie d'une multitude d'influences... tout en regrettant parfois que certains morceaux soient trop courts alors qu'on aurait souhaité les explorer plus longtemps. Telle une jolie friandise, Nest se déguste lentement, sans modération, avec patience et gourmandise, et l'espoir finalement que Simon et Alexandra reviennent encore nous enchanter.

Lacar

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