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Avec son 6ème album, Ekphrön -hors de raison en grec-, le combo High Tone proposerait d'entreprendre un voyage tant intérieur, voire introspectif, que musical. Tentante, de prime abord, une telle invitation ne peut se refuser. Alors, une fois le CD glissé dans la platine, je ferme les yeux et essaie de faire le vide dans mon esprit pour laisser mon imagination chercher sa voie. Et me voilà, mon billet en poche, montant dans un train (j'aurais pu choisir l'avion) qui m'entraîne, je l'espère, vers de nouveaux espaces musicaux. Les premiers tours de roues (Basis) se font sous une pluie fine, tombant à un rythme continu, au travers desquelles se faufilent une légère brise du violoncelle de Vincent Segal.Une introduction aux sonorités classiques qui laisse entrevoir une rupture profonde entre Ekphrön et les précédents opus marqués des influences dub. Même si les dernières mesures me sortent brutalement de la torpeur qui m'envahit, j'y retombe progressivement (All Expectations) malgré le maelström d'effets qui me traversent de part et d'autre. Mon train me donne le sentiment de plonger au plus profond des océans à l'écoute du chant des baleines et de remonter aussi brusquement à la surface, me projetant dans une réalité urbaine dont je ne peux m'extraire. Puis, nouveau changement de direction (Wahqam Saba) vers des contrées musicales plus orientales d'où émerge un appel, brouillé par des sifflements qui font penser à des traînées de balles. Réalité quand tu nous tiens. Décontenancé avant même d'entamer la quatrième étape, je m'interroge sur l'opportunité de continuer ce voyage. Je décide de poursuivre l'expérience, sans trop savoir où je vais. Ce sentiment se confirme pour les titres suivants où se mélangent, s'entrechoquent des influences asiatiques, indiennes passées à la moulinette occidentale du drum and bass, Non, vraiment, le trip intérieur ne prend pas. Trop fouillis, trop bordélique, je ne vois pas où High Tone veut m'emmener. Tout cela me paraît manquer d'homogénéité. Et puis, Ô Miracle, me voilà entrant dans un territoire qui ne m'est pas inconnu (72 Turned Off). Un électro-rock jouissif, accrocheur, inventif qui me rappelle au bon souvenir de la créativité des Lyonnais. Après un retour brutal dans l'enfer urbain (Old Mind) porté par le flow de Oddateee, il me faut attendre l'arrivée (Super Kat) pour retrouver cette ferveur. Seul morceau électro-dub de l'album qui confirme tout leur savoir-faire en la matière. Une fois descendu de ce parcours chaotique, qu'en reste-t-il ?. À force d'empiler les styles, les sonorités et les effets, cela ressemble à un voyage organisé où, à chaque étape, on ne vous laisse aucun moyen de vous échapper. De pouvoir vous imprégner de l'atmosphère. À trop vouloir vous en mettre plein les oreilles, le guide High Tone donne le tournis. Sa partition est dense, complexe mais elle défile sans réelle harmonie. Alors, la conclusion s'impose : je ne retenterai pas une seconde fois l'aventure dans les mêmes conditions. Dans toute sa longueur. Je sélectionnerai les meilleures étapes. En sachant, déjà, que j'y reviendrai plusieurs fois.

Stéphane

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