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Mais pourquoi donc sortir Empire Soldiers en octobre 2013 ? Attendre douze mois de plus, voire un peu moins, c'est-à-dire 2014, année du centenaire de la déclaration de la Première Guerre mondiale, n'aurait-il pas été la meilleure période pour ce double CD qui sonne comme un cours d'histoire musicale : celle, méconnue, des soldats de deux ex-Empires coloniaux, le nôtre et celui du Royaume-Uni, venus combattre sur les différents fronts, et pas seulement hexagonaux, de la plus grande boucherie humaine. Ainsi, l'opus débute pour un instrumental relatant la bataille de Gallipo en 1915 visant à assiéger Constantinople, passe par Neuve Chapelle dans le Pas-de-Calais où un mémorial a été érigé en 1927 pour rendre hommage aux soldats indiens tombée en 1915, et fait un détour par Kut au sud de Bagdad. L'exhumation de cette page de notre histoire commune, qui s'est prolongée lors du second conflit mondial, constitue le fil conducteur d'Empire Soldiers, fruit de la rencontre entre un Français, Martin Nathan alias Brain Damage, et un Anglais, Steve Vibronics, et que publie par Jarring Effects. Une histoire sanglante, douloureuse physiquement et psychiquement pour des hommes déracinés, que l'alliance de deux versions du dub ne vient pas atténuer mais bien amplifier. Tout simplement parce que ce courant partage avec ces soldats du passé des racines communes. Quand les compositions s'agrémentent de la chaleur des cuivres (clin d'oeil au clairon militaire ?) ou portent des textes mémoriels chantés par Sir Jean (Do U remember), Parvez (Sufferation, Youts 2 war), ou Madu Messenger (King engine, Letter Home), les compagnons de route des auteurs, elles ne s'en trouvent que magnifiées. Des voix qui partagent le même point commun : être originaires de ces ex-territoires coloniaux. La force de frappe d'Empire Soldiers est d'autant plus percutante que Brain Damage et Vibronics n'ont pas cherché à fusionner le french dub du premier au sound system du second. Si les compositions sont communes, certaines sont présentées sous deux versions : la première galette (The album) est mixée par le Français et la seconde (The dubplates) par l'Anglais. Plus qu'un simple album, Empire Soldiers s'affirme comme un manifeste militant, pacifique et réconciliateur.

Stéphane

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