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Nostalgiques de Maxinquaye, passez votre chemin : ceux qui chercheraient dans False Idols un pur retour aux origines musicales de Tricky s'exposeraient à une déception certaine... La ressemblance la plus sûre entre ces deux albums que 18 ans séparent se résume essentiellement à l'état d'esprit dans lequel l'artiste a conçu ses morceaux... A savoir ce sentiment de liberté, aiguisé par l'indépendance retrouvée grâce à la naissance de son propre label.

False Idols s'ouvre sur le troublant Somebody's Sins, poème de Patti Smith, "Oath", dont elle avait enrichi sa propre reprise de Gloria (Van Morrison) : les premières paroles sonnent comme un avertissement "People say beware, but I don't care"... 15 titres plus tard ou 45 minutes que l'on considérera un peu courtes, les sentiments sont mitigés : quelques arrangements electro genre basique boîte à rythme (Nothing Matters, Bonnie and Clyde, We Don't Die), bien qu'efficaces, laissent un brin dubitatif... Passons sur Parenthesis, auquel Tricky n'apporte quasiment rien par rapport à l'original des Antlers, à la beauté naturellement vénéneuse...

Reste un album qui n'en constitue pas moins un indéniable retour aux fondamentaux trip-hop, avec des sonorités sombres et des rythmiques envoûtantes (Nothing Changed, Tribal Drums), notamment sur la deuxième partie (Does It, I'm Ready) jusqu'à sa conclusion presque aérienne, Passion of the Christ. Tricky demeure fidèle à ses traditionnelles recettes, en mélangeant les samples et les styles (la voix de velours de Chet Baker sur Valentine, la jolie berceuse sucrée Chinese Interlude), sa voix caverneuse s'effaçant derrière ses interprètes féminines, Francesca Belmonte, Fifi Rong et Nneka.

Varié mais cohérent, ce neuvième opus s'inscrit dans l'air du temps, même s'il laisse un goût d'inachevé (ces titres qui s'arrêtent abruptement, alors qu'on attendait des montées, des reprises, des explosions !)... Le parallèle avec Maxinquaye, que l'on n'oserait qualifier d'argument commercial, rend songeur : le garçon semble assagi, voire aura perdu de sa superbe par rapport à ses débuts marqués au feu d'un son subversif et déroutant... Ce qui nous laisse partagés aujourd'hui entre l'admiration pour l'artiste et une certaine facilité de sa part sur False Idols...

Qu'importe notre opinion finalement : l'homme s'est affranchi et continue son cheminement musical très personnel, sans que personne ne puisse vraiment percer son mystère et pénétrer son esprit tortueux. Inutile donc de s'étendre plus : Tricky fait ce qu'il veut et c'est tant mieux...

Lacar

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