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Une forêt sans arbres, me direz-vous, cela frôle l'hérésie écologique, à sonner le glas de la photosynthèse la plus élémentaire. Rassurez-vous, ce n'est pas l'asphyxie qui vous attend à l'écoute du premier EP de Treeless Forest, Through The River, Through The Noise sorti en avril dernier, mais une merveilleuse bouffée d'oxygène.

Le gardien de cette forêt enchantée s'appelle Tom Bonilla, multi-instrumentiste originaire de Buenos Aires, qui nous offre cinq titres étonnants mêlant electro éthéré à des sons et rythmes du folklore sud-américain (en particulier d'Argentine et du Chili). Il serait maladroit cependant de classer son album dans la catégorie "world music", tant ces éléments se fondent naturellement dans les compositions aériennes de cet artiste à l'univers contemplatif et mystérieux.

Quand pourtant Tom Bonilla se confie, il nous livre quelques précieux secrets, comme l'histoire intime entre Mellipulli et Puerto Montt (qui désignent la même région du Chili, en langue indigène Mapuche et en espagnol) dont les protagonistes s'interpellent et se répondent (*) ; ou encore les références aux cinéastes Alain Resnais et Ingmar Bergman, avec les voix des actrices d'"Hiroshima, Mon Amour" et "Sommaren med Monika", instruments au service d'une dernière mélodie et symboles du souvenir.

A l'évidence, rien n'est superflu et rien ne manque dans Through The River, Through The Noise : la mélancholie et l'espoir, la musique envoûtante, la poésie des textes et cette voix veloutée, qui nous emmène au bout du monde, là où ciel et terre se confondent. Oui, cet album est bien à l'image des somptueux paysages de Patagonie, sans artifice, majestueux et humble à la fois... Une épopée bien trop courte, mais dont on aurait tort de se priver ; fermez les yeux, laissez-vous porter par Treeless Forest, vous finirez par entendre le bruissement des feuilles dans ces arbres invisibles...

Lacar

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