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Emmenés par Yoni Wolf, c'est donc en toute indépendance que les californiens de Why? poursuivent leur chemin, loin du joug des tendances et c'est probablement ce qui fait leur richesse, en plus du talent: voici donc un cinquième album, Mumps etc, assorti de l'EP Sod in the Seed sorti il y a quelques semaines. C'est indiscutable: Why? fait partie de ces groupes qui rassemblent des publics d'horizons différents, et, partant, qui intriguent, mais ne bénéficie que d'une notoriété proportionnellement bien réduite. Un concert de Why?, ça reste 300 personnes, tout au plus 500, et ce malgré une fan base fidèle aux fondateurs d'Anticon, qui continuent d'incarner l'esprit avant-gardiste et décalé du label tout en se démarquant des sorties actuelles, ce qui n'est pas plus mal : Why? a toujours eu son originalité, c'est vraiment sa marque.

A l'aide de cordes, claviers, percus, cuivres, choeurs et toujours ce mélange inspiré qui navigue entre une pop sophistiquée et de profondes racines hip hop, Why? démontre une fois de plus cette maîtrise des contrastes et ce mélange des genres qui lui est propre. Le contraste a la part belle d'entrée de jeu avec ce Jonathan's Hope qui, d'une intro piano choeurs toute soft, démarre une base tortueuse aux beats fracturés et vire sans transition à l'envolée mélodieuse d'un refrain ponctué de choeurs et de harpe. Strawberries enchaîne, doux et chanté, ses arpèges de piano et ses claps, ses petites touches instrumentales pleines de charme et son clip chamarré ; quand des titres comme Waterlines, White English ou surtout Paper Hearts sont là pour rappeler cette maîtrise vocale plus rap à laquelle le leader de Why? nous avait habitués. Une belle diversité sur ce Mumps etc : intense et introspectif, lumineux ou carillonnant, le tout souvent sur un même titre: entre les envolées célestes et les moments plus denses, c'est ce mélange épanoui, cette rondeur bigarrée qui, une fois de plus, font mouche pour les accrocs à la pop chatoyante de Why?
C'est d'ailleurs ce qui ressort des lives: cette impression de maîtrise et de profusion, menées non seulement par ce chant - rap au débit incroyable mais aussi par cette orchestration qui ne laisse rien au hasard, incluant cette foultitude de petits instruments et choeurs qui sèment leur touche Whyesque à l'ensemble.

Une orchestration impeccable, une production aux petits oignons, un retour au hip hop plus prononcé que sur le dernier (Eskimo Snow, leur album le plus pop), une originalité intacte et gentiment décalée: je vous rassure, je vais pas vous faire le coup de l'album de la maturité, d'autant qu'après Alopecia ce serait déplacé! mais quand même, celui d'un retour en fanfare inspiré qu'on a beaucoup, beaucoup de plaisir à écouter. Et toujours plus de plaisir à aller voir live!

Mag

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