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Désormais installé à Los Angeles, Anthony Gonzalez, alias l'unique faiseur de M83 depuis le départ de son acolyte Nicolas Fromageau en 2004 après la sortie et la tournée de leur deuxième album commun Dead cities, red seas & Lost ghosts (il tient maintenant les manettes de Team Ghost), peut légitimement espérer vivre son rêve américain. La French touch ayant toujours tenu une place de choix outre-Atlantique, M83 ne semble pas déroger à la règle qui fait que la critique et le public anglo-saxons semblent plus réceptifs et de bonne composition avec ces expatriés français qu'ils ne le sont sur leur propre territoire. Pas de raison donc que le sixième album de l'Antibois, Hurry up, we're dreaming, y échappe. D'autant qu'il dispose d'un argument de poids : c'est un double CD de 22 titres. Une performance plutôt rare en ces temps de disette économique dans l'industrie musicale et d'effritement des ventes de disques. Mais, est-il toujours bon de le rappeler, quantité et ne vont pas forcément de pair. Et cet opus nous le confirme. Dans la continuité des deux précédents, Hurry up, we're dreaming s'inscrit dans un registre électro-pop aux atmosphères toujours aériennes, planantes, romanesques voire homériques. Pourtant, difficile de se laisser entraîner aveuglément dans ce voyage chimérique tant les mélodies, les compositions et les textes débordent d'infantilisme. Pris dans son ensemble, l'écoute de Hurry up, we're dreaming paraît un brin puéril, naïf. Alors que les trois premiers albums de M83 se distinguaient par leur côté épuré, rock, abrasif, envoûtant, mystérieux et magnétique, Anthnoy Gonzalez s'est tourné ici du côté de la new wave des années 80. Mais dans ce qu'elle avait de plus commercial et de moins imaginatif. Saturée de synthés et accompagnée de chants portés par une voix criarde et mielleuse (Midnight city, Claudia Lewis) quand ce ne sont pas des choeurs exagérément et faussement empathiques. Heureusement, quelques titres tels que Where the boats go, This bright flash, Year one one UFO ou Echoes of mine surnagent dans cet opus au goût de guimauve et de contes pour vieux adolescents nostalgiques. Quelque peu passéiste en somme. À tout juste 30 ans, Anthony Gonzalez avait peut-être besoin de poser un dernier regard sur cette période avant de basculer contraint et forcé dans l'âge adulte. À moins que l'air californien ne donne l'impression de pouvoir conserver une éternelle jeunesse. Il ne serait pas le premier à y succomber au risque aussi de s'y perdre artistiquement.

Stéphane

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