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Abraxxxas intercale entre la sortie d'Elektrons (sorti en 2010) et " au coeur de la bête " (prévu en fin d'année chez IOT records, son label) un " mini LP " qui compte quand même 10 titres, au format CD en vente directe, disponible depuis mi juin.

Pour cette troisième sortie, le rappeur Marseillais s'autoproduit et fait (comme d'habitude) appel à différents beatmakers aux fortes influences électroniques. On retrouve ainsi certains protagonistes de l'album Elektrons et de sa version remixée, tous aux frontières d'un hiphop furieux et d'un breaky/grimy dubstep bien fat, nourris des scratch de Dj Sheit-one. Il invite également au micro la voix rugueuse de D' de Kabal, et un D. Abuz relativement discret mais efficace dans le texte. Rien que ça.

Le thème étant la guerre, les lyrics s'articulent autour d'affaires de pouvoirs, d'intérêt dans les conflits (turbulences) et semble dénoncer autant la stupidité des guerres (" le plan ") que nourrir une sorte d'agressivité fantasmatique (" rêve d'espions ", " terroriste ", " rage en barre "...). " L'art de la guerre ", vissé au plein centre de l'album, pourrait sembler une provocation tant elle encense les principes de Sun Tzu sur la façon de mener une guerre " éthique "... Le " nightwatcher " Abraxxxas ne passe pas vraiment un message de paix, il resitue la violence dans son contexte et exergue la sienne, s'autorisant même un écart pour fustiger le rap français (" l'intérimaire ").

Le ton est posé, le MC et ses invités ne font pas dans la dentelle. C'est la bave aux lèvres que sont posés les lyrics de war zone, dans ce chaos organisé que lui ont fournis ses beatmakers. Le ton agressif et le verbe haut, l'écriture peut se faire fine et imagée. Jamais vulgaire mais jamais tranquille non plus, Abraxxxas a pour lui de n'avoir jamais changé de direction dans le fond et la forme, et de monter chaque fois la barre en terme de qualité. En revanche, quelques interludes bien senties auraient sans doute suffit à en faire un album complet qui aurait peut être pour le coup gagné en respiration face a ce mur de wobble-bass et de lyrics enragés.

On ne peut pas dénoncer la guerre avec une arme au poing, et c'est pourtant bien l'effet que laisse War zone. Nul doute qu'Abraxxxas réside dans la ville du micro d'argent, mais qu'il tient plus du commando kamikaze que du samouraï discipliné. Ce " mini album " tient ses promesses, même si les oreilles tatillonnes trouveront peut être certaines productions mixées de façon un peu inégale, et le packaging CD un peu simpliste pour son prix (12€). C'est dit : acheter ce disque (pure autoprod), c'est d'abord soutenir Abraxxxas alors qu'il est parmi les rares MC à renouveler un rap conscient en pleine déperdition, avec aucun autre équivalent (d'après moi) dans un genre électro/dark qui ne sied pas aux majors et aux radios. Un album un peu home made mais jouissif, fait par un passionné hyperactif, moi je vote pour, en attendant de voir en fin d'année ce que la bête a dans le ventre !

David

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