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Un brin superstitieux, Federico Aubele ? L'auteur-compositeur-interprète argentin, a en tout cas été marqué par son long séjour dans la capitale allemande : "Le passage à Berlin a été une expérience formidable pour moi, mais difficile. Il m'a forcé à faire face à beaucoup de mes démons ". De cette escale volontaire et introspective a éclos l'ombrageux Berlin 13, son quatrième album studio. 13 comme le symbole de toutes les peurs, de la mort ou le signe de la renaissance, d'une transition d'un état à un autre ? Federico Aubele dit avoir opté pour la seconde : "J'ai appris à lire les cartes de tarot quand je vivais à Buenos Aires. C'est un moyen fascinant d'exploration de soi. Les 13 peut signifier une crise profonde qui élimine tout ce qui vous empêche d'avancer. C'est exactement ce que j'ai vécu à Berlin ". De l'antre de la musique électronique, ce guitariste accompli, qui fait de sa six cordes acoustique le squelette de ses compositions, revient avec 9 titres où dowtempo, dub ou tango prennent cette fois une teinte plus sombre. Le rythme et le tempo, enlevés et chauds des précédents opus, sont ici comme engourdis, atrophiés. À la chaleur des Andes et de l'hémisphère Sud se sont substitués le froid et la rigueur du climat continental et de l'Europe centrale. De ces sonorités mélancoliques, accentuées par la voix grave et posée de Federico, qu'accompagnent aussi Natalia Clavier et Ka, émerge non pas une gravité nostalgique mais bien un rayon de soleil. Une invitation à la confidence. Finalement, les créations de Berlin 13 ne sont pas si éloignées des précédentes dans leur structure. C'est plus la forme que le fond qui a changé, a été modifié. Surtout, elles gagnent en puissance et richesse, grâce aussi à une orchestration où les influences électro se font à la fois distraites et essentielles. L'Argentin s'inspirant d'illustres pionniers : " J'ai été fasciné par l'atonalisme Schoenberg, les explorations en musique électroacoustique et musique concrète de Stockhausen et les tonalités de György Ligeti ". Berlin 13 accrédite l'hypothèse qu'il est bien la transition musicale annoncée. Et se pose comme l'album le plus abouti de Federico Aubele. Bien plus envoûtant et innovant aussi que le dernier Gotan Project. Dont l'Argentin a été, malheureusement et à tort, souvent qualifié d'ersatz. Résidant désormais à Barcelone, espérons qu'il ait retrouvé allégresse et séché ses Lagrimas Viejas.

Stéphane

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