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Lorsque la trompette d'Erik Truffaz et les machines de Fernando Corona, plus connu sur la scène électronique sous le nom de Murcof, s'entremêlent à l'orée d'un désert, ça nous donne Mexico. Les deux expérimentateurs ont composé et enregistré cet album à distance et donc séparément. Un pari risqué (merci Blue note) pour lequel il aura fallu éviter l'écueil d'un assemblage bricolé et artificiel. Au final 3 pistes et moins d'une petite demi-heure de voyage. Mais quel voyage !

Al mediodia
Nous voici plongé(e)s au milieu d'un désert sous le soleil tapant de midi. La chaleur palpable nous enivre dans ces premières notes ballotées par une brise électronique. Puis on marche un peu, d'abord doucement, puis plus rapidement, en quête d'une oasis et de sa fraîcheur hypothétique. Notre coeur se met à battre, sans doute oppressé par le vide de la nature hostile et l'inquiétude grandissante. L'espace se remplit de petits sons aniMistes et notre esprit vagabonde au gré d'une trompette à travers les dunes miroir qui s'étalent jusque très loin derrière l'horizon. Il y a quelque chose de triste dans cette musique-ci, quelque chose qui nous gagne petit à petit.

Good news from the desert
La nuit finit par tomber et la fraîcheur avec. C'est le soulagement même si la fatigue est bien là. Il n'est pourtant pas question d'arrêter de marcher. Le vent se lève et ses bourrasques nous poussent le dos à grands coups de distorsions électriques. On s'appuie sur lui pour ne pas tomber et on continue d'avancer, toujours et encore. Avancer... Avancer... Curieusement, on se sent bien. On se surprend même à courir parfois. L'alliance de l'homme et de la nature fait merveille, et la fatigue perd petit à petit de son emprise sur nous. Jusqu'à ce que le vent tombe...

Avant l'aube
... et nous avec.
Ce sont les dernières minutes de la nuit. Le voyage est terminé. Allongé dans le sable, on relève alors difficilement la tête et on aperçoit non loin l'oasis-océan dont le sifflement des vagues se mélange à l'écume des sables. Notre coeur se remet à battre, et ses chamades se fondent à la nature environnante. On devrait prendre peur, car tout semble fini, mais non. Bien au contraire, un immense sentiment de quiétude nous remplit peu à peu. Puis soudain, surgit un rayon vert, fugace et intense, précédent l'éclosion d'un soleil chaud et rassurant derrière l'océan. Le vent se met à chanter tout autour de nous. Les sables se soulèvent, nous frôlent, nous caressent, nous lèchent, nous embrassent et nous enlacent encore et encore. Ultime étreinte qui nous avale sans souffrance aucune, sans désespoir et sans regret, jusqu'à ce que notre coeur ensablé cesse enfin de battre, rendant la nature à la nature et l'humain au néant.

Erwan

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