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Ne cherchez pas sur les cartes, abandonnez tout point de repère, oubliez les indications, ne tentez pas de savoir où vous allez... Laissez-vous simplement guider, transporter, inspirer à la lecture musicale de chaque page du premier récit de voyages (Travelogue) d'Architektur. Parce qu'artiste solitaire il a emprunté des routes parallèles, est sorti des sentiers battus, a souvent pris la tangente pour échapper aux lieux convenus, ses impressions de voyages peuvent sembler déroutantes, déstructurées, déconcertantes, anarchiques. Parfois même anachroniques, comme s'il revenait sur des chemins empruntés quelques années plus tôt, il y a une bonne décennie, par Thievery Corporation ou Tosca. Mais comme elles explorent ou revisitent des territoires musicaux encore ou souvent ignorés, les interprétations ne sont jamais inconsistantes, et ne peuvent laisser indifférent.
Parce qu'un récit s'écrit au jour le jour, au gré des rencontres, les 11 chapitres de Travelogue se nourrissent, s'enrichissent de cette diversité pour marquer leur individualité. Partant d'une base down tempo, downbeat, Architektur y a greffé par petites touches des sons captés tout au long de son périple. Une sorte de traversée des Etats-Unis, depuis son fief d'Austin au Texas, entrecoupée d'échappées dans les sous-sols électro viennois ou d'explorations intergalactiques, tel " When it rains " qui intègre aussi un soupçon de rock progressif. Des touches dub sont aussi distillées ça et là (The Smoker et sa version Wax Experience remix, Misinformation).

Mais Travelogue est surtout une exploration des différentes facettes du nu-jazz. Souvent free, parfois fusion, accessoirement acid, ce courant constitue la véritable l'ossature de l'album et le support de toutes les ruptures, qu'elles soient propices à la méditation hindoue (Mantra), ou à la déambulation urbaines d'où surgirait à chaque coin de rue une impression d'étouffement et un besoin d'évasion (Ubahn, Hypnotic State). Surtout, comme après tout voyage, il faut prendre du temps, son temps, pour intégrer, digérer la somme des expériences vécues. De l'immédiateté, on ne conserve que des souvenirs partiels, tronqués. Quand la durée participe elle à leur indélébile compréhension et jouissance. Travelogue n'échappe pas à cette règle. Y revenir après la première écoute répond non pas une invitation polie mais à une obligation pour le découvrir et l'apprécier pleinement. Indispensable pour s'imprégner de ce voyage sonore.

Stéphane

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