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Cyesm est un faiseur de mondes et " Meaningless " est un lieu subtilement lumineux à explorer.
Car si " Commit men " introduisant l'album résume la vision d'une humanité sombrement existentielle, la petite flamme lointaine d'une âme d'enfant y brille parfois intensément, se matérialisant en un incendie merveilleusement sonore sur " Childhood Breaker ".
Happés dans une sur-réalité très underground par mille crépitements électroniques ou projetés parfois sur l'écran d'une mémoire avant-guerre, nous serons spectateurs d'un drame latent, observateurs conscients d'un rouage implacable et tueur de rêves.
Maintenus en équilibre dans une atmosphère littéralement fabuleuse par une surprenante féérie instrumentale : tambours lointains ou pianos et cordes puissamment mélancoliques côtoyant parfaitement les consonances plus rocks de certains morceaux, détournant alors sciemment nos esprits vers une errance indifférente et solitaire.
Fuyant la réalité au rythme effréné de cymbales quasi hypnotiques et parfois effarés devant notre propre humanité, nous tomberons également à l'ombre d'un ciel obscurément spirituel, hantés de choeurs angéliques dans " The worst is inside " ou frappés par un arrêt subit comme le personnage de " Trapped ! " à la fin de sa course.
Ainsi à l'égal de Rimbaud qui décrivait l'absurdité de la guerre dans " Le dormeur du val ", " War will be the same " absolument terrible et poétique dans sa majesté sans concession, annoncera pour nous la fin parfaite de ce voyage instrumental, à la fois introspectif et contemplatif, très visuel et qui sonne comme un véritable enchantement.

Delphine

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