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On l'attendait Outre-Manche, venue en toute logique des environs de Bristol. Mais force est de reconnaître qu'on regardait (écoutait plutôt) du mauvais côté. Car c'est géographiquement à l'opposé, au-delà des Alpes dans les provinces helvètes, que la seconde génération du mouvement trip-hop a, peut-être, éclot avec la naissance de Meïan et un premier album " Welcome to the world " au titre prémonitoire.
Et dire qu'il aura fallu attendre deux ans pour que les oreilles françaises découvrent enfin cet album qui bénéficie depuis janvier dernier d'une vraie distribution hexagonale grâce à Neuronexion.
Sorti début 2007 en Suisse, " Welcome to the world " est le fruit de la rencontre entre Anaïs (chant, clavier, guitare) et Gaël (guitare, basse, batterie et choeurs). Meïan, qui signifie clair-obscur en japonais, symbolise parfaitement cette union, l'assemblage de deux oppositions physiques et musicales, ainsi que l'esprit et la texture de leur première composition : un juste équilibre issu d'un perpétuel balancement entre les genres. Si le trip-hop en constitue les fondements, cet opus y mélange allègrement rock, électro, ambiant ou groove jazzy. À elle seule " Intro " est une invitation à engager ce voyage initiatique dans leur univers. Comme une voie balisée où chaque instrument, progressivement, tour à tour, se met en place pour constituer une chaîne de vie de laquelle jaillit une voix cristalline, quasi divine. " Intro " est en somme l'allégorie de leur naissance musicale. Hypnotique, sensuelle et envoûtante, la voix d'Anaïs pose une empreinte particulière sur chacune des compositions chantées. Avec aussi une pointe de noirceur qui sied parfaitement à des textes ambivalents (toujours ce clair-obscur) comme " Go away " ou " Beautif fakes ". Une voix qui trouve sa pleine expression grâce à des orchestrations et arrangements ciselés à la perfection. Sans doute la marque et l'expérience du professeur de guitare qu'est Gaël.
Rien ne dépasse ou n'écrase tel ou tel instrument. Ni même la prédominance de la guitare, aux sonorités rock mais rarement sulfureuses, qui constitue souvent l'ossature de nombreux titres. Chaque organe a sa place, à un moment donné, en solo ou de concert, pour s'exprimer entièrement et profondément. Comme ces quelques notes de saxo en intro de " Beautiful fakes " qui créent une ambiance suave et ensorcelante. Ici, les samples, les bruitages électro, les effets de vagues acoustiques ne viennent pas surcharger l'ensemble, mais lui transmettre un supplément d'âme (" Look me in the eyes " ou " 8700 volts ").
Pas de fausses notes donc chez Meïan. Juste une petite faute de goût dans un ensemble structuré : la cacophonie free-jazz de " We don't have time ". Une exception qui ne retire rien à la poésie qui se dégage de ce premier opus. Pour Meïan, transformé depuis en trio avec l'intégration de Stefan (drums, percussions), le plus délicat est à venir : confirmer avec un deuxième album. La quasi-totalité des titres serait écrite et composée. Et une petite visite sur leur site (www.meian.eu) suffit à confirmer le potentiel du trio helvète avec les inédits " Don't ask me " et " nuit noire ".

Stéphane

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