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Adepte du " Warrior style ", un surnom collerait parfaitement à la peau de Kanka, déjà auteur de deux créations sonores : warrior-dub. À la première écoute (ça vaut pour les suivantes aussi) de son troisième album, " Sub.mersion ", je peux le confirmer : le guerrier Kanka n'usurperait pas cette appellation.
Multi-instrumentaliste (batterie, percussions, claviers, basse et samples), Kanka est en quelque sorte le Rémy Brika du reggae-dub à la Française des temps modernes. La comparaison est osée -je le reconnais- entre deux compositeurs (qualificatif qu'on ne peut affubler au trublion des années 70) que tout oppose, mais elle m'est venue à l'esprit tout naturellement en lisant le CV de cet homme-orchestre. Mais au lieu de nous sortir lapins, pigeons et autres animaux de son chapeau, Kanka lui crache un son lourd, puissant, au beat percutant et hypnotisant que nombre de sounds systems vont à coup sûr adopter, comme ses précédentes compositions l'ont déjà été. S'il faut reconnaître à Kanka la qualité de ses mixes, sa maîtrise des ruptures de tempo, un savant dosage des samples et des timbres électro, l'harmonie lancinante de certaines compositions comme " Mexican dub ", ou le rythme frénétique et excitant de " Ya estas aqui " porté par la voix cristalline et ensoleillée de la chanteuse mexicaine Moyenei (sans hésitation le meilleur, pour ne pas dire excellent, titre de l'album), l'ensemble demeure trop souvent marqué par une prédominance d'un couple basse-batterie quelque peu répétitif et saturant sur la durée. En tant que fer de lance de la scène dub-steppa, Kanka ne pouvait évidemment s'en affranchir totalement. Mais faire évoluer un style, lui conférer plus de profondeur et d'ambition, ce n'est pas le transgresser, juste lui conférer un autre statut.
Fidèle au style musical, Kanka l'est également dans ses collaborations avec MC Oliva (Kroket). Si " Sub.imersion " forme un album jouissif pour le corps, une invitation à l'exaltation sur les dance floors, c'est en live qu'il s'exprimera le mieux. Car il lui manque ce petit quelque chose qui marque l'esprit et lui permettrait de se bonifier avec le temps. Attractif sur l'instant, Sub.mersion risque bien de se perdre dans la profusion d'albums dédiés à la scène dub et non aux discothèques de salon. Mais c'est peut-être sa vocation première pour notre plus grand plaisir immédiat.

Stéphane

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