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Fondé début 2001 par son unique membre Fernando Corona à Tijuana (Mexique), Murcof expérimente les musiques électronique et classique dans leur expression la plus minimaliste, croisant précision numérique et chaleur acoustique à la recherche de l'harmonie et de la complémentarité. Le projet est une réflexion sur la numérisation actuelle des moyens d'interaction avec le monde, avec l'autre et avec soi-même. Le pense-bête mexicain nous rappelle ainsi que, quelque soient les outils, l'utilisateur final est humain, et que la technologie doit être perçue comme un outil d'expression, non une fin en soi.

Martes est le premier album de Murcof, sorti en 2002. L'oeuvre cohérente est versée dans une ambiance à caractère: un morphing de maître frappe et frotte subtilement les cordes sur des basses profondes, entre lesquelles sifflent, grouillent et fourbissent au rythme des accelerandi les sons insectoïdes d'une véritable faune électroacoustique. La voix, peu présente et savamment fondue, rapelle la proximité du monde des hommes et évite à l'album de tomber dans le microcosme absolu, esquif inhérent au genre acousmatique.

Si Martes est une oeuvre minimale, elle n'en est pas moins profuse. Les combinaisons riches habilement imprimées par le barbu de Tijuana diffusent une thématique trouble et inquiétante, parfois onirique, toujours suréelle. Celle-ci n'entame aucunement la diversité des interprétation possibles, éclairant simplement les galeries sinueuses du monde de Murcof. Martes est une cité d'Amérique Centrale perdue quelque part entre Aphex Twin et Phonem, à la fois vif et paisible. C'est un exceptionnel sentiment de mouvement, de grandeur et d'espace.

Prenez donc part au combat contre l'ennemi invisible dans l'air chargé de Maiz. Contemplez avec Mez un mois de paysages défiler par la fenêtre d'un car, puis rompez le froid spatial et dansez un tango en apesanteur à bord de la station Mir. Si vous choisissez cette succulente aventure, soyez sûrs de suivre la lettre M.

Erwan C.

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