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Cette année aura vu le retour de quelques figures emblématiques du trip-hop britannique des années 90. On peut nommer Morcheeba (décevant), Portishead (tonitruant), Leila (magique), Unkle (égaux à eux-mêmes !), Massive Attack (en lives festivaliers cet été) et maintenant Tricky. Le kid de Bristol, sans nous avoir fait attendre dix ans, n'avait rien sorti depuis "Vulnerable", c'était en 2003. Le passage de sa musique vers des cimes moins torturées en avait d'ailleurs surpris et désappointé plus d'un...
Ce n'est pas "Knowle West Boy", du nom du quartier qui l'a vu grandir, qui va changer la donne : Tricky semble s'être débarrassé définitivement de ses démons d'antan.

Ce nouvel album est, dès la première écoute, plus serein, plus direct, et disons-le immédiatement, plus rock. Il est assez peu question de trip-hop ici, à part sur quelques très beaux morceaux bluesy et féminins qui sonnent plus comme des clins d'oeil à son passé musical que comme des signes de torpeur dépressive ("Joseph", "Past Mistake", "Coalition" et "Cross to Bear").
Tricky arrive même à surprendre son auditeur avec des chansons carrément tranchées, sortes de pop songs cabossées avec guitares ou grosses rythmiques omniprésentes ("Veronica", "C'mon Baby", "Council Estate" et "Slow") ; des raggas énervés de bad boys qui friment ("Bacative", "Baligaga") ; et même deux étranges incursions post new-wave en fin d'album (les très mancuniens "Far Away" et "School Gates")...

Rassurons quand même les éventuels réticents à cette fin de virage contrôlé: la musique de Tricky n'en devient pas pour autant légère et gaie ! Le côté un peu biscornu et crado de ses compositions et de ses arrangements reste présent comme une sorte de signature sonore, à travers un harmonica déglingué et asmathique ou des violons esseulés, qui crissent sur quelques titres. Et toujours cette façon tellement particulière de rapper et de chanter...

Sans être le plus accessible de ses album ("Blow Back" restant celui de l'ouverture), cette huitième production semble fusionner avec plus d'aisance les différentes périodes de Tricky . Des premières convulsions trip-hop, glauques et enfumées, à ses compositions plus aérées et pop du début des années 2000, il existe désormais un entre-deux, intelligemment proposé sur cet efficace "Knowle West Boy".

Guillaume

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