> Chroniques > electro-jazz > NHX > II

Tout le monde sait que les tendances, que ce soit en matière de mode, de déco ou de musique, ne sont qu'un éternel recommencement : une ronde épisodique, qui va et vient en fonction de l'air du temps et qui répond de manière abstraite à des donnes sociologiques et culturelles. Après les divers revivals des années 2000 (de l'acide anglaise à la no-wave new-yorkaise, en passant par le folk et les retours annoncés du disco et du grunge), les années 2010 pourraient très bien voir réapparaître un autre genre, devenu depuis un peu stérile et répétitif : l'electro-jazz !

Et il se pourrait également que le second album de la formation NHX annonce ce retour, grâce à son mariage contradictoire mais riche. Car il s'agit bien là, en effet, d'un véritable album d'electro-jazz.
Mais "II" a également l'audace de renchérir en proposant encore plus de radicalisme. Dans une veine très jungle/drum'n'bass (tient ! encore un revival annoncé ?!), les compositions très free du combo, détonnent en faisant basculer l'electro-jazz dans une turpitude bouillonnante très urbaine, ce qui n'était pas le cas de la première vague electro-jazz, plutôt fanfaronnante et dansante ou alors carrément lunaire. Et ce, dès les deux morceaux qui ouvrent le disque : les très énervés "Evolution" et "Crazyyy".

Ca pulse sévèrement tout au long d'un disque à l'ambiance cinglante et contrastée, au point parfois de créer la rupture dans l'écoute, car ses étourdissements de sons risquent de se révéler un peu difficiles pour certains. Mais la grande maîtrise de nos cinq jazzmen apporte une incontestable qualité de compositions et créée finalement une véritable harmonie dans la cacophonie. L'esprit free-jazz est bien présent, dans les cuivres de Gaël Horellou notamment, qui nous évoquent le Truffaz des débuts. Certains titres semblent même sortis tout droit des techno-parties des années 90, l'évolution technique digitale en plus. Et à "Epilogue" de clore cette ahurissante palpitation sonore avec un peu plus de calme et de sérénité.

En somme, même si elle n'est pas précurseur en la matière, la fusion savante de NHX, se révèle être un joli pied de nez aux tendances actuelles, loin des feux trendy qui donnent pour vainqueurs de notre époque, le polissage commercial des sons et l'utilisation de la guitare sèche comme leitmotiv ! "II", s'il annonce (qui sait ?!) le retour de l'electro-jazz, le fait sans fard et sans concessions.

Guillaume

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