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Bienheureux, passez votre chemin. Les autres, tendez l'oreille. Ce qui va suivre devrait piquer votre curiosité. Troisième album d'Eluvium (USA), "Talk among the trees" est habité par les esprits de l'air. Son ambient proche de la musique sacrée diffuse des lignes de rythmes sylphides - clavier/guitare - très mélodiques. Celles-ci se mêlent aux pincements de saturation qui se superposent par couches successives et régulières. Comme la musique minimaliste, Eluvium joue sur la répétition, déjouant l'ennui par des variations subtiles et délicates pour peu que vous lui laissiez le temps d'opérer.

Album scindé en 2, la première vague est un long travelling naturel caressant la cime d'une forêt désertée de toute humanité. Elle inspire une forme de tristesse épurée, brute et solitaire, agissant telle une invitation mélancolique à la méditation jusqu'à la saturation quasi-cacophonique de "Calm of the cast-light cloud". Point de rupture qui frise l'inaudible et pourtant si indispensable à l'équilibre de l'ensemble car il amorce la suite : la seconde vague qui, elle, procure un sentiment intense d'élévation. Lente ascension (16 minutes) que "Taken" qui nous tire par la main pour nous conduire quelque part là-haut à l'écoute de cette nature forestière. Celle-ci nous porte sans effort et, à mesure que nous prenons de l'altitude, nos sens s'éveillent aux arbres qui murmurent. Chuchotis toujours plus nombreux, toujours plus envahissants jusqu'à devenir lumière. Une explosion de lumière... Les adieux qui s'en suivent "We say goodbye to ourselves" n'ont maintenant plus rien de tristes tant ils respirent la sérénité. Laquelle se matérialisera sous la forme d'un souvenir "One", hypnotique et complice, dont la fragilité persistera longtemps à nous lier au monde très personnel d'Eluvium.
Mais le plus extraordinaire est à suivre : lorsque l'album s'achève, l'apaisement demeure. Oui, c'est là le bienfait de Talk among the trees : sans comprendre pourquoi ni comment... on se sent bien.

Erwan

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