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Derrière Jazzonia se cachent deux producteurs légendaires : Alan Douglas et Bill Laswell. Le premier, reconnu comme l'un des meilleurs défenseur du jazz actuel, rassemble dans son sillage un spectre très large d'influences allant du be-bop à la funk. Le second, une légende vivante qui exerce une attraction magnétique sur les jeunes musiciens issus d'univers très différents, est une figure de proue de la création musicale contemporaine. Tous deux nous emmènent à travers ce projet dans une refonte moderniste d'un mouvement né du scat des années 50's: le vocalese (jazz vocal laissant libre court à l'imagination de chanteurs, qui accompagnent avec leurs improvisations les solos des instrumentistes).

Les huit plages de l'album remettent au goût du jour quelques grands standards du jazz historique. Et en mettant en avant de jeunes musiciens, chanteurs et rappeurs (comme la souleuse Alicia Renee et l'excellente Grandmaster Melle Mel) collaborants avec d'illustres personnages de la culture black (comme Bootsy Collins, le bouffon bigarré mais ultra doué qui jouait le bassiste pour George Clinton), l'album nous fait redécouvrir des titres de Duke Ellington, Stan Getz, King Pleasure ou Quincy Jones, oubliés par notre génération, mais incontournables dans ce qu'ils ont apporté à la musique contemporaine.
Se succèdent donc dans ce "Little boy don't get scared" des inspirations funky, du hip-hop racé, des rythmiques jungle, des scratches hystériques, des cuivres entraînants et des saxos sensuels, des solos de flûte ou d'orgue Hammond et quelques moments de pure soul aux cordes soyeuses. Le tout dans une veine nu-jazz, voire parfois acid-jazz, mêlant sensations acoustiques et électroniques.

Les deux comparses de Jazzonia produisent un disque actuel, universel, attachant tout en étant bourré de références. Un exercice de style qui s'adresse autant aux amateurs de jazz traditionnel qu'aux aficionados de cross-over tels qu'ont su en produire à leur époque Jazzmatazz, Outkast, D'Angelo, Roy Hargrove ou même Prince.

Guillaume

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