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Sixième album de Björk (si l'on exclut de sa discographie les deux bandes originales qu'elle a signé pour "Dancer in the dark" et "Drawing restraint 9"), "Volta" annonce un retour en fanfare vers plus d'instinct et de rage pour l'artiste islandaise. Moins bavarde dans le concept, mais toujours à la recherche de nouveaux mélanges musicaux improbables et iconoclastes, Björk créé une vraie rupture par rapport à "Vespertine" et "Medulla", en amenant de nouveau la rythmique au coeur de sa création. Rupture qui existe aussi à l'intérieur du disque, puisque s'y alternent quand même tracks remuants et plages plus introspectives et douces.

Toujours entourée des meilleurs producteurs et musiciens des univers qu'elle décide d'explorer (dont l'incommensurable Timbaland), elle nous emmène aux confins du continent africain avec ce côté percussif et abandonne les cordes au profit des cuivres. Sans être pour autant festif, "Volta" exhale un parfum sauvage et tribal, contrebalancé par des moments où le chant et les cuivres orchestraux semblent prendre le dessus dans des ambiances funèbres.

"Earth intruders", le premier single de l'album (dont le clip a été réalisé par Michel Ocelot), "Innocence" et le surprenant "Declare independance" ressemblent à des chants guerriers et engagés, où des rythmes très electro soutenus par les percussions du combo malien Konono N°1 et le kora de Toumani Diabaté, s'enchevêtrent dans un contraste saisissant de sonorités à la fois actuelles et ancestrales. "The dull flame of desire" et "My juvenile", deux splendides duo avec Anthony et sa voix touchante de crooner blanc, ou "I see who you are" (avec la participation de la musicienne japonaise Min Xiao-Fen et sa pipa antique) sont des odes plus délicates et intériorisées.

Le graphisme et les photos du packaging nous montrant une créature moitié guerrière-moitié poupée voodoo, signés par les habituels metteurs en image de l'univers björkien, symbolisent bien l'atmosphère générale du disque : enflammée et percussive, mais colorée "technoïde' dans le traitement presque aride et synthétique des sons électroniques. La chaleur d'une acoustique voyageuse et la sophistication moderniste d'une electro intransigeante se font face, s'étreignent, s'attaquent et se dérobent l'une à l'autre, comme dans les danses spectaculaires de tribus lointaines, envisagées comme des rites ancestraux. "Volta" saura encore surprendre les nombreux fans de Björk en les emmenant encore ailleurs, plus loin dans ses recherches. Mais toujours à mi-chemin entre expérimentations fouillées et formats pop plus accessibles.

Comme d'habitude : chapeau bas à cette véritable artiste, qui tout en se remettant en question à chaque album, arrive à développer un univers musical tellement personnel qu'il en devient une oeuvre.

Guillaume

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