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Einar Örn fût l'un des membres de Kukl et des Sugarcubes, les premiers groupes dont Björk était chanteuse dans les années 80. Il fût même le premier époux de la belle (quel privilège n'est-ce-pas ?!) et créa avec elle le label islandais Bad Taste, toujours en activité aujourd'hui, qui produisit et produit encore tout ce que l'île compte de bizarreries punk, de pop glacée et de poètes avant-gardistes... D'habitude homme de l'ombre, le revoilà sur le devant de la scène au côté d'un certain Curver pour un projet en duo : Ghostigital.

Sur le papier, l'idée avait de quoi faire vibrer avant même la première écoute ; puisqu'on retrouve notamment en featurings les rappeurs pointillistes Sensational et Dälek, mais aussi Mugison, le folkeux baltringue, islandais lui aussi, Mark E. Smith et j'en passe... Je me suis donc jeté de manière compulsive sur l'achat de cet album. Et quelle ne fût pas ma surprise ! Car voilà, dès le premier morceau, j'ai immédiatement été irrité par l'apanage un brin hystérique de ce que l'on pourrait décrire comme de l'électro-punk-free-jazz-hip-hop-déstructuré ! Ca commençait mal et ça ne se terminait pas mieux d'ailleurs : tout au long du disque j'ai zappé d'un titre à l'autre sans jamais rentrer dans cet ovni bruitiste, certes insolent et créatif, mais surtout inaudible pour le pauvre mortel que je suis ! Plusieurs écoutes n'auront d'ailleurs pas suffit à me convaincre et j'ai même failli me faire trancher la tête par Charles, souhaitant mettre fin à la torture auditive que je lui imposais pour avoir son avis !!!

Les sonorités sont agressives et tranchantes, les rythmiques concassées, les cuivres hurlants, l'ambiance générale lubrique et stressante et je vous épargne les détails du chant psychopathe de Mr. Örn, qu'on prendrait volontiers pour un cinglé s'il ne s'agissait pas de second degré... Seuls les vocaux rappés semblent à peu près "normaux" (!) mais l'univers musical dans lequel ils s'inscrivent est bien trop inaccessible pour les faire jouir d'un intérêt particulier.

J'ai peut-être été trop déstabilisé pour comprendre, trop bousculé dans mon à priori pour apprécier cet effort intransigeant et volontairement singulier ; mais "In cod we trust" reste une orgie cacophonique brouillonne et totalement barrée, qui semble avoir été produite avant tout pour faire plaisir à ses deux protagonistes. Et même si ça ne semble pas être leur but, ce n'est pas avec de tels tracks que le duo risque de te conquérir. Aussi ouvert d'esprit sois-tu, la pilule aura du mal à passer. Et je pense à toi, cher lecteur, et à ton budget musique mensuel (surtout à 20€ le CD !).

Guillaume

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