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Il est minuit. Le monde dort à présent dans l'épaisseur d'un brouillard de silence. De vagues rayons de lune et l'éclat incertain de la lampe voilée éclairent votre chambre alors que la musique s'élève lentement des touches du piano du tout premier album de François-Eudes Chanfrault: "Computer Assisted Sunset".

Dans l'esprit minimaliste de Biosphere, l'écho poétique et abyssal de Bola et par les accents vibrants et profonds des violons des Silent Poets, "Coucher de soleil assisté par ordinateur" est l'alliance parfaite entre deux mondes contradictoires et conflictuels: l'univers électronique et la musique instrumentale d'inspiration classique.

Débutant par l'une de ses créations cinématographiques pour "Qui a tué Bambi" de Gilles Marchand (2003), la playlist homogène donne au piano des accents mystiques grâce à des manipulations numériques discrètes. François Eudes sait faire vibrer les cordes sonores du doux et mélancoliques instruments jusqu'à ce que ses paisibles harmonies se perdent dans le lointain..., alors que le quatuor de violons, violoncelle et viole frémissants accompagne avec légèreté les délicates mélodies comme sait si bien le faire Rachel's.

Joués à Beaubourg, "The Park", "Computer Assisted Sunset", "Solaris" sont le coeur de cet album électro-acoustique proche de l'expérimental, alors que "Untitled" (savoureux échos de voix radiophoniques drainés par les modulations du piano et de la guitare) et "Corridor" (dont les voix murmurantes contentes des mots tendres, pendant que des doigts paisibles et agiles font résonner toutes les cordes fragiles de la guitare....) sont des récréations musicales plus abordables pour le novice.

La musique ultra aboutie de François Eudes Chanfrault puise autant dans Berg, Ligeti et Ravel que Pan Sonic ou Kubrick, avec Duras en toile de fond : "Rien de plus, rien de moins, ma musique est durassienne et j'entends qu'elle le soit. Structure, rythme, sonorité, je suis un névrosé des choses qui s'arrêtent.". Nostalgique et sombre, cet album plongera l'auditeur mélancolique dans une léthargie douce et grave à la fois, propice à la rêverie.

Charles

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