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1980 : le punk s'est consumé et, sur ses cendres encore brûlantes, cold et new wave, entre pendaison (Ian Curtis) et messes noires (Cure), inventent l'art du spleen existentiel.

Les grands groupes marquent leur territoire : Cure prend la place du coeur; U2 remplit les stades; R.E.M. monte dans les charts des radios universitaires.
Il reste à Depeche Mode le pré carré des pistes de danse et la couverture des magazines pour jeunes filles en fleurs. Adulé par un public pré-pubére, le groupe de David Gahan (qui se contente de chanter), Martin L Gore (le cerveau) et Andy Flechter (le bon copain) subit les sarcasmes des vieux barons de la critique. Depeche Mode semble condamné à perdre sa couronne à la prochaine révolution de palais.

Dave : "De tous ces groupes, j'aurais parié que Depeche Mode serait le premier à disparaitre".

2005 : R.E.M. traine sa flemme, Robert Smith ressemble plus que jamais à un mort vivant, Bono recycle son lyrisme dans les arènes politiques. Les orages et tourments traversés par Dave (il boit) et Martin (il divorce) ont renforcé le groupe. Et "Playing the Angel", dernier opus, vole trés haut au dessus des dernières productions des méga-groupes des années 80. A la fois puissant et
mélancolique, sophistiqué et excitant, les 12 perles de l'album (dont 3 - et pas les moins bonnes - signées Dave) s'enchainent et s'emboitent logiquement.

On est pas loin du concept-album, "douleurs et souffrance en différents tempos" annoncent les notes de la pochette. "Dave dit que j'ai fait 25 ans de carriére sur ce même thème. Mais je ne suis pas d'accord car ce sont deux sujets distincts" humorise Martin.

Les sonorités indus pullulent, la production impressionne et fera pâlir de jalousie les petits roitelets de l'electro pop (n'est-ce pas Jay Jay?).

Ni graisse, ni ride; "Playing the angel" est un beau volatile, un objet précieux, cérébral et jouissif, un bain de jouvence pour vos conduits auditifs!!!!

Pierre

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