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Au Brésil, la musique est une donnée génétique qui se transmet de père en fils, de mère en fille. Et les exemples sont très nombreux puisque tous les artistes incontournables de la musique populaire brésilienne ont des gosses dans le circuit ou presque... C'est un peu facile me direz-vous d'entretenir le flambeau familial avec de tels antécédents. Pas si sûr, d'autant qu'au Brésil, la musique garde une place primordiale, et ce pays se révèle être un public particulièrement difficile en ce qui concerne les "fils ou filles de...'. Question de privilège certainement, dans un pays qui souffre autant de la fracture sociale... Maria Rita, Moreno Veloso, Max de Castro ou Marisa Monte (tous très talentueux mais enfants de stars) ont d'abord fait leurs armes musicales à l'étranger avant de revenir conquérir leur propre terre.

Bebel Gilberto est donc né avec ce nom de famille indissociable de la bossa-nova. A peine âgée de 20 ans, elle sort un premier album, recueil de reprises de standards, totalement boudé par son pays, qui la taxe alors d'opportuniste... Dur ! La belle décide alors d'un exil prolongé à New York, où elle travaille un peu comme choriste. En revenant, elle fait la rencontre de Suba (LE producteur Paulista le plus prolifique des années 90). Une rencontre décisive, puisque c'est lui qui produira son premier véritable album : "Tanto Tempo", sur lequel on retrouvait la crème de l'électro européenne (Thievery Corporation, Amon Tobin, Mario Caldato Jr., Smoke City...). Ce disque connaîtra un énorme succès... en Europe ! Le Brésil ne semblant toujours pas vouloir de "la fille de...'. Il faut dire quand même que Bebel est plus une interprète qu'une artiste de la trempe de son père (l'incontournable Joao Gilberto, qui avait co-écrit avec Tom Jobim et Stan Getz le mythique "Girls from Ipanema") ou de son parrain Chico Buarque, autre poète créateur de standards.

Et ce second album en est un peu la preuve : là où "Tanto Tempo" tombait à pic avec l'engouement pour les mélanges électro-world, celui-ci semble déjà daté, un peu trop formaté "bossa nouvelle génération'. Bebel s'est pourtant entouré d'excellents producteurs et musiciens, mais Suba n'est plus là et ça s'entend. Le disque manque de personnalité, s'essoufflant trop vite avec des recettes déjà mille fois entendues. Quelques titres ne manquent pourtant pas de charme (le tropical "Aganju", "River song" ou le sensuel "Cada beijo" cosigné par Guy Sigsworth, fidèle collaborateur de Björk) mais l'album, qui regorge pourtant de belles ballades, risque fort de ne pas supporter dans toute sa longueur plus de trois écoutes car trop plein de consensualisme. A Bebel Gilberto, nous avons préféré la tonique et joyeuse Cibelle, qui, toujours sur le label Ziriguiboom, fait tout toute seule ou presque et révèle une vraie personnalité, notamment sur scène...

Le vent doit bien tourner quelque part et Bebel, enfin, semble avoir trouvé un public dans son pays natal, puisque l'album rencontre un très beau succès là-bas... C'est tout ce qu'on pouvait lui souhaiter !

Guillaume

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