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Voici un disque qu'on ne peut aborder comme la plupart des autres. Il faudrait pourtant tenter de faire abstraction de la personnalité et de la carrière exceptionnelles de Laurent Garnier afin de se tourner vers ce disque sans préjugés, sans fantasmer inutilement sur ce que l'on pourrait y trouver. Impératif d'autant plus indispensable que l'on ne reconnaît pas Garnier ici, et que l'on nous a prévenu que le patron de F-Com avait décidé de prendre un sacré virage. The Cloud Making Machine n'est ni un disque pour danser, ni un mix magnifique et efficace pour vous envoyer au ciel et vous donner l'impression d'assister à un Dj set inoubliable ; The Cloud Making Machine est un disque à écouter attentivement chez soi, une oeuvre qui mérite une grande attention et qu'on l'explore dans ses moindres recoins pour en faire ressortir les sensations les plus inédites... les pieds au sol.

De nombreux musiciens et amis du maître, notamment Bugge Wesseltoft au clavier et Dhafer Youssef au oud, apparaissent ici pour donner à cette incroyable " machine " à s'envoler une profondeur et une variété dont Garnier, en technicien génial, se sert pour parsemer l'écoute de portes vers des univers très divers. On reste impressionné par la maîtrise de l'électronique et des instruments, confondu devant l'éclectisme de l'album qui écrase avec grande classe toute la futilité des genres à la mode.

Aux confins d'origines musicales très diverses, orientalisme, jazz, electronica, abstract hip-hop, ambient, rock... Garnier impose sa maîtrise technique et son érudition pour une synthèse des possibilités du numériques et évite majestueusement l'impression de se retrouver face à un catalogue de styles. On n'attendait pas forcément un tel album de cette légende du dance floor, mais on est soudain persuadé que seul Laurent Garnier était capable de réaliser ce chef d'oeuvre complexe et audacieux.

Eric

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