Trip-Hop.net : On a cru comprendre que tu aimes faire des reprises sur scène...
Ca vient de Depardieu je pense. Depardieu, on dirait un animal, il est tout le temps en roulé boulé, j'aime beaucoup. Quand je fais des reprises (ça m'arrive en concert, assez souvent) je peux faire ça un peu ; j'avais vu des images de Depardieu quand j'étais petit... qui m'ont bien plu. C'était la période où il y avait Delon aussi, qui chantait " Comme au cinéma... ". Je préfère Depardieu aujourd'hui... Il a plus le style. Et puis de toute façon, l'état d'esprit actuel, en France, c'est la sueur, ça j'adore. Ca me fascine, c'est comme une sorte de but.
Trip-Hop.net : Tu sembles vouloir t'accomplir dans d'autres projets que la musique...
J'ai tourné dans un film déjà... C'est vrai que faire que de la musique... enfin pour faire de la bonne musique faut pas avoir trop la tête dans le guidon, il faut sa voir se libérer. C'est un art qui envoûte celui qui le fait, qui coupe du reste du monde. Si on fait que ça, on devient fou et on ne profite plus de la vie... Pour le film en fait, j'étais pote avec Mr Oizo, il a fait un film, et donc j'ai joué dedans. Je n'ai jamais fait aucune démarche pour être acteur, et d'ailleurs je ne sais pas jouer. C'est pas nécessaire pour être acteur ! Tu peux jouer ton propre rôle... Ouais, voilà c'est ça, et c'est ça que je fais généralement, je joue mon propre rôle... Je joue très mal... Quelqu'un il n'y a pas longtemps m'a proposé de devenir mon agent... J'ai refusé, il n'y a rien de pire que de passer des castings. C'est un univers qui me déplaît. Je n'arriverais pas à dire des trucs du genre : " Géraldine, tu as oublié les enfants à la maison, Mon Dieu ! " Tu vois, ce serait nul. Ceci dit, si on revient à Depardieu, tu vois la cérémonie des Césars 2004, c'était dingue, il a mis dans une situation de honte sa fille Julie, incroyable... ! On m'a raconté que Brian Wilson, des Beach Boys (c'est Sofia qui m'a raconté ça), il a pissé dans la piscine où se baignaient les enfants et qu'il a mis un film X sur un écran mural... C'est vrai que l'alcool fait faire n'importe quoi...
Trip-Hop.net : La musique de film ?
Ben tu sais maintenant j'ai une vision de l'album assez précise : la maison de disque, quand tu as la chance d'en trouver une, tu la bourres de concessions, de refrains, pour l'Angleterre tu fais un single anglais, pour la France un single français... tout ça si tu veux vivre de ton album, ou alors sinon par miracle ça se fait autrement... Je ne peux pas décemment espérer vivre de mes ventes d'albums ; je ne fais pas une musique qui est faite pour vendre à des millions, c'est fait pour des amateurs de musique ; tu vois j'aime bien les tubes tout ça, mais mes titres ne passeront jamais sur Skyrock et je ne serai pas invité par Flavie Flament... ! Tu passes sur Nova... Ah oui j'adore, France Inter aussi ! Ce que je veux dire, c'est que j'essaie ce qui me semble être le top ; j'espère que mes disques puissent être des vitrines pour faire des musiques de films et tout ça... Faire une musique de film, c'est moins stressant, c'est pas la page blanche : tu travailles ; tu as une certaine forme d'équilibre. 2, 3 notes de piano donnent tout de suite un certain style ; les gens sont vite satisfaits et les spectateurs sont réceptifs ; c'est assez magique, j'ai moins de pression. J'ai fait une seule musique de film ; je vais en faire une seconde... J'y vais doucement, mais c'est quelque chose que j'aime et que je trouve bien.
Trip-Hop.net : Et le téléchargement n'arrange rien au business...
Moi ça ne me dérange pas. C'est vrai que pour un groupe de hip-hop c'est plus dur... Les droits d'auteur, dans des films, des pubs, ça devient dingue. Moi je vois ma musique est achetée pour être intégrée dans des pubs, des films, des spectacles, des sonneries de téléphone, n'importe quoi d'autre... parce qu'elle est composée... Il est clair qu'un groupe de rap a moins ce genre d'opportunités... Moi ça ne me gène pas trop que les disques se vendent moins, parce que j'ai d'autres chemins pour générer du business. Tu peux aussi construire ton studio progressivement et les mettre toi-même sur Internet, en vente...Tu deviens le maître...
Trip-Hop.net : Tu as été intégré dans la BO de Lost In Translation...
J'ai fait la première partie du groupe AIR, son batteur c'est Brian (un grand pote de Sofia Coppola) et il a monté avec Sofia une structure pour s'occuper de trouver des musiques pour des films. Il a écouté mon album certains soirs quand il allait sortir. Il regardait ça tranquillement, et voilà... Mais attention ! Je parle de business depuis tout à l'heure, mais je ne suis pas obsédé non plus. Je fais ça pour la gloire... Je veux avoir la classe le plus possible, j'ai envie de pouvoir avoir les meilleurs instruments, tout ça... Tu as aussi envie d'être " exposé "... Là j'ai très peur, vous êtes journalistes, votre pensée est journaliste, d'une certaine façon ça va intéresser la personne qui va vous lire. Chanteur c'est pareil, si on y pense. Le pire c'est de ne pas avoir de parole. Ca me rappelle ma période d'adolescent, où je n'étais pas écouté ; tout le monde s'en foutait que j'écoute plus "Animals" des Floyd ou autre, personne ne s'en souciait ; je ne pourrais pas supporter de ne pas avoir la parole, je serais mal dans ma peau. J'aurais pu être un mec complètement merdique ça aurait été la même chose... Parce que personne ne voyait que j'étais cool... Là même si c'est tout petit, j'ai quand même une influence sur quelques personnes.
Trip-Hop.net : Ca peut peut-être expliquer que tu aies une musique aussi "cérébrale" ?
Oui, voilà, j'aime la musique mathématique ; j'aime pas trop Satie et tout ça... Mais j'aime la musique très calculée, sur-peaufinée. Et surtout j'aime le grand n'importe quoi surétudié, ça ça me plaît beaucoup ! Mais je déteste aussi la musique expérimentale. Tu vois sur Politics, on comprend à la fin... C'est comme dans certains films, tu as envie d'être surpris, d'être sur le qui vive ! J'aime quand les gens écoutent et sont étonnés, et te disent à la fin "quelle émotion, c'était formidable !" J'aimerais que ma musique fasse l'effet des bons films... Par contre je déteste le style "on fait de l'électro" et où on rajoute des frasques d'extraits de films des années 40, 50... Ca ça ne me plaît pas du tout !
Trip-Hop.net : Qu'est-ce qui a révélé ta vocation musicale ?
Mon père était guitariste rythmique de Magma. Tu sais les mecs du Nord. Quand je suis né, mon père a arrêté la musique pour pouvoir m'élever ce qui fait qu'il a toujours mis un maximum d'espoir en moi pour que je devienne musicien : il m'a offert des tas d'instruments, à 6 ans j'ai eu une mini guitare noire (une Nashville) après j'ai une batterie - ça c'était pas mal du tout ! - et après synthé... Finalement je joue un peu de tout. Mais j'aime la performance... quand tu sais que le morceau est très long, comme La Ritournelle dans Politics (que je joue parfois plus de 15 minutes) il y a un côté athlétique et mathématique... Ca me plaît ! Même un super solo de guitare ça me plaît. Même des trucs techniques surminables, j'adore. Le chant c'est encore autre chose : j'ai toujours eu honte de chanter devant des gens... J'ai fait un premier album où j'ai tout fait pour retarder les prises de chant... Il y a peu de temps ma maison de disques m'a dit qu'il fallait que je prenne des cours d'anglais et des cours de chant. Ils étaient unanimes : pour les interviews à l'étranger (notamment lors de la tournée avec AIR), il fallait assurer...En studio, quand un chanteur fait 10 prises...j'en fais 800. Voilà. Et puis quand tu chantes trop de fois une même chanson, elle ne te plaît plus. Le problème est donc résolu, grâce à Claudia Philips. Alors ce qui est dingue, c'est que j'ai toujours essayer d'être le Miles Davis de la compo, que les gens viennent pour dire "ouah tes compos sont géniales", et maintenant on me dit que je chante bien ! Enfin bon, je parle d'un petit milieu là (rires).
Trip-Hop.net : Tu es un fan de Robert Wyatt, depuis quand remonte la dernière fois que tu as écouté "Rock Bottom" ?
J'ai découvert et là effectivement j'ai adoré. Et puis on est devenus progressivement accros : c'est un peu comme Blier tu vois Wyatt, je trouve. Ce qu'il en ressort : à la fois souffrance et espoir, très douloureux, teinté d'héroïsme où tout va très très bien dans la douleur... Ca m'a passionné. Je l'ai écouté à l'époque plusieurs fois par jour, spécialement en Eté à l'heure de l'apéritif. Ce qui est formidable avec Wyatt c'est que tu as l'impression que tu es dans un monde que personne ne peut comprendre. Alors que bon, moi j'écoute même certaines chansons de Britney Spears ! Oui tu l'as même passé dans ta playlist sur Nova ! Ah ouais ! mais moi j'étais au début, j'ai mis Jackson, Stevie Wonder - j'adore ça ! - et puis évidemment je suis mal à l'aise avec les vinyles et même les platines...Je me démerde mal, j'ai peur ; après en fait c'est Mr Oizo qui s'en est occupé, il s'est foutu de moi d'ailleurs ! Ce jour là on a mis une vieille chanson de mon premier album et j'ai pleuré à l'antenne parce que je trouvais que mon premier album était mieux que le second... ! (rires) Mais tu sais tu me parles de légendes, mais c'est aussi pour ça que j'ai voulu faire de la musique. Je me souviens de David Gilmour (Pink Floyd), en tournée en 88, c'était fascinant... La classe... Qaund tu es enfant, tu n'as aucune notion de l'art, quand tu deviens ado, tu commences à découvrir les premières subtilités ; mais c'est seulement après que tu as l'impression de faire ta propre musique, la tienne. C'est à ce moment là, précisément, que je me suis dit que je pouvais aller voir une maison de disques. Plein de fois je me suis dit la même chose pour le ciné, mais je n'ai pas suivi le même chemin. J'allais super souvent au ciné d'ailleurs ! Mais aujourd'hui c'est tellement nul ce qu'on a dans les salles ! Les Cohen par exemple, c'est super ça ! Je suis allé voir Atomik Circus hier soir justement... Ah ben oui ! Je les connais bien les frères Poiraud, j'ai failli jouer dedans et même faire la musique. ET en plus, j'ai joué dans le même film qu'un des 2 frères dans le "Non-Film'.
Trip-Hop.net : On a plein de fans de AIR chez nous. Peux tu nous dire comment tu les as rencontrés ?
Ah oui ça c'est super simple. J'ai fait 3-4 chansons dont j'étais content (cf avant). Après je vois un clip de AIR à la télé : "Sexy Boy'...! Alors je regarde précisément le bandeau en bas avec le titre et la maison de disques : je vois "Source". J'y suis donc allé et j'ai été reçu par David, le DA de l'époque ; je vous jure que c'est vrai : j'y suis allé, il a écouté mes maquettes et m'a demandé de repasser. Paf paf paf, et là il se trouve qu'un gars là-bas, Marc Teissier Ducros (mon producteur actuel) m'a dit qu'il voulait me signer, et prendre des chansons pour des compiles. Il m'a dit quelques semaines plus tard qu'un label était en création "RecordMakers', un label co-créé avec AIR... En 3 semaines, tout était réglé ! J'étais fou. Je n'ai même pas lu le contrat, j'étais fou à l'idée qu'il me laisse produire mon disque... J'avais l'idée que quand une maison de disque laissait l'artiste se produire comme ça, c'était une reconnaissance divine. J'ai choisi RecordMakers et j'ai fait leurs premières parties partout, où j'ai appris à les connaître. Mais ils ne bossent pas dans le label, ils ont des parts, ils n'ont jamais travaillé sur mon disque par exemple. Ils ne savent pas combien je vends.
Trip-Hop.net : Et la connexion avec Phoenix ?
Justement, c'est ça qui est dingue, c'est que le premier jour - je vous jure que c'est vrai ! - quand je suis arrivé chez Source, les Phoenix étaient là...Je me disais "Ouah, ils ont l'air hyper à l'aise", moi j'étais pétrifié... Eux ils étaient hyper à la cool... Et de fil en aiguille je suis devenu très pote avec leur groupe. Perso, je trouve que Chris le guitariste des Phoenix est le meilleur guitariste du monde ; et lui pense ça de moi... C'est que des éloges (rires) Et puis aussi avec Phoenix, il y a un autre point commun : l'amour des US... Eux par contre ils font des chansons plus orientées radio - enfin moi j'adore ! c'est mon groupe français préféré ! - et les concerts sont généreux et géniaux. Tu sais souvent les artistes ils sont souvent pseudo intellectualisés et cultivés ; eux s'en foutent, ils veulent donner au public... Mais au delà de tout ça, j'ai une sorte de conscience qui me dit que j'aimerais bien être un de ces artistes qui traversent les époques ; pour ça, il faut créer quelque chose de complètement nouveau, même pas faire la musique qu'attend le public, mais faire une musique que le public va découvrir au fur et à mesure et va apprendre à aimer... Il n'y a que comme ça qu'on peut créer une nouvelle culture ou une nouvelle façon de voir. Moi c'est ce que j'essaye de faire. Evidemment c'est moins efficace. Pour moi, c'est plus sur 50 ans que ça va se faire... C'est plus marrant d'être inclassable... Mais ce que j'aimerais, je pense, c'est qu'il y ait des gens qui s'inspirent de Tellier, des "compos Tellier'...
Trip-Hop.net : Que penses tu de l'appellation "french touch" ?
(rires) Souvent on en discute avec mes potes... ! J'aime bien m'appeler la "sous-couche" ! Il y a les stars de la french touch, et il y a les petits débris, dont je fais partie ! Je ne parle pas de la qualité là ; il y a des tas d'albums de cette période qui n'ont aucune inspiration ; c'est un peu une honte, comme tout ce qui est cool dans une période très brève...C'était ce qui s'est vendu pendant une période très courte... C'est l'art de l'éphémère, ça peut être beau : tu fais des châteaux en glace... mais au bout d'un moment ça ne va pas. Le french touch c'est ça : un vieux truc un peu chouette ; ça a permis de faire pas mal de squattes quand même. C'est AIR, les Daft tout ça... donc quelque part, sans la french touch, je n'aurais jamais joué au Royal Albert Hall à Londres... c'était énorme ! A Minneapolis la salle de Prince, au Japon les Twin Rooms... même la Pologne...
Trip-Hop.net : Tu fais toujours la 1ère partie des Phoenix ?
Non là en fait ils assurent les premières parties de Dido, donc je ne peux pas assurer la 1ère partie... Mais tu sais, les concerts coûtent chers dès que tu as une formation consistante. Et moi là je n'en peux plus des petites formations, il me faut un peu de spectacle : il me faut au moins des fumigènes ! Autre chose que les cordes d'une gratte, ça c'est lourd. Il faut que ce soit mystérieux. Donc je freine tout du coup, jusqu'à ce que je sois prêt, à part pour des petits concerts... Tu vois les show-cases à 2 dans une Fnac, avec 3 clients qui passent avec des livres plein les mains et qui font "c'est quoi le mini-concert ? C'est nul..." Tu vois, tout ça c'est pas évident. Les gens ne réalisent pas le prix des concerts, des frais que ça représente...
Trip-Hop.net : Tu te sentais à l'aise dans la 1ère partie de AIR ?
Oui vraiment... Tu sais je trouve que tous ceux qui sont toujours toujours au top sont des gros bouffons, tandis que les mecs qui sont toujours derrière - je pense notamment à Iggy Pop, éternel second, en sous-couche aussi - ou encore les Stones, toujours en sous-couche des Beatles quand même qui vendent beaucoup moins et sont plus style (bon les Beatles c'est énormissime !) - sont plus des héros. C'est fantastique : les gens ne venaient pas me voir mais m'applaudissaient quand même... Je me rappelle de Keziah Jones en 1ère partie de Lenny Kravitz il y a des années... le fait qu'il ait été en 1ère partie, les gens étaient aux larmes parce qu'il se déchirait.... Après moi, faire une tournée sous mon nom oui évidemment ! Mais déjà ça, j'avais l'impression d'avoir la classe à fond... Tu vois au Zénith par exemple c'était facile, parce que le public était réceptif... mais au New Morning (surtout la 2ème fois en 2004), et bien j'ai plus fait une performance comique qu'un show musical. Tu vois j'étais limité : je ne pouvais pas débarquer à cheval sur scène ! Pas de fumigène non plus ! Ce que je voulais, je l'avais dit à ma maison de disques pour le concert au New Morning : j'aimerais que les gens ils mettent un pied au New Morning, ça soit plein de fumée de fumigène... et puis ils s'y sont pris un peu tard... et voilà... Globalement, c'était un peu frustrant.
Trip-Hop.net : Quelques mots sur Politics ?
Oui, vous allez dire que je reviens toujours là-dessus, mais j'ai fait une tournée, et donc il y a avait tout ce trip de mix de cultures, et je m'y suis intéressé.J'ai eu donc envie de faire un disque géo-politique. Je l'aurais bien appelé "la géo-politique en 1 leçon", j'ai tout fait dans ce sens d'ailleurs. Il n'y a qu'une chanson qui ne parle pas de territoire, c'est "La Ritournelle", qui est ma chanson d'amour, centrale... et donc Paf Paf Paf, les wetbacks (les Mexicains qui essaient de passer en Californie, aux US, par les eaux), l'Allemagne, tout ça... Je pensais à tous ces gens qui bougent et vont d'une place à une autre. Je trouve ça dément, parce que moi j'ai jamais réussi à le faire. Moi je rêve de déménager de Paris ! Cette ville m'insupporte mais je le fais pas parce que je suis une merde, je suis tout mou, mais il y a des gens qui le font. J'adore New York, Brooklyn, Los Angeles... La Corse, les Pays Basques (St Jean de Luz, Biarritz...) aussi le Sud de l'Espagne...
Trip-Hop.net : Il y a une histoire pour chacune de tes chansons... Tu ne peux pas t'en empêcher...
Ben oui, ce qui n'a pas de fonc ne sert à rien, il faut forcément que ça veuille dire quelque chose. Il y a des choses qui aident les gens à se construire, qui aident à se former....On arrive à une sorte de concept-album, l'oeuvre d'un album d'un maître conceptuel.
Trip-Hop.net : Tu te réécoutes ? Comment tu composes et boucles tes compos ?
Non, avec des potes et tout le monde, j'interdis qu'on passe ma musique. Exemple : Politics je ne l'ai pas écouté depuis très longtemps. Et puis, dès que j'ai fini un truc, en général, je le vomis... pour ainsi dire. Quand j'écoute, je ne fais que de repenser à ce que j'ai mal fait... Je suis obsédé par ce qui ne va pas. D'ailleurs pour finir, je n'en finissais pas d'en rajouter. Politics déborde de tout, il est plus que riche en arrangements, même outrancier. Les clichés, les a prioris, les convenus, tout ça j'adore ! Et puis j'ai fini l'album dans le studio de Zdar dans le 18ème, et il y a eu une pluie de grêle monumentale à cette période, et par le poids et l'infiltration, ça a fait tomber le toit sur mon matériel et là tout était fini : c'est comme ça que j'étais sûr que c'était la version définitive de Politics, même si dans mon esprit c'était (quand même) déjà achevé. Mais là avec cette pluie, c'était un signe : je devais m'arrêter.
Trip-Hop.net : Tes projets ?
Je suis sur le 3ème album et sur un projet de reprises de chansons françaises. Les gens sont à bloc là-dessus. Quand je chante en français j'adore tout passe tout seul ; quand je chante en anglais c'est pourri. Ca me rappelle le concert de Lenny Kravitz, d'ailleurs j'adore Lenny Kravitz, je le sens un peu blaireau comme moi, une sorte de frère d'esprit - je trouvais ça minable ses reprise - mais c'était top quand même.
Trip-Hop.net : De quelle compo es tu le plus fier ?
"La Ritournelle" est ma préférée. C'est à la fois une chanson d'amour exclusif, sur le thème de ta meuf et le reste du monde n'existe pas, et j'ai réussi à me créer un pied d'estale fantastique avec une intro de 4 minutes... C'est ça que j'attends du ciné : tu dois être emporté et tu te dis le mec il défonce, ça tue... etc. Je me suis mis en valeur à mort, c'est mon petit kiff, j'adore. J'aime les autres pistes aussi, mais le problème avec Politics, j'ai eu l'impression de finir beaucoup de pistes comme Clinton au sax... J'adore perso, mais je ne suis pas sûr que les gens aiment ce saxo-politic. J'aime même l'impression que personne n'a compris (sauf quelques proches) tout comme la référence à Taxi Driver. Je me suis rendu compte que j'avais fait (encore) un album exclusif, réservé à des gens qui ont une certaine culture, pas forcément la plus brillante -mais en tous cas la même que la mienne - et que c'était encore un truc curieux. Heureusement, quelques titres efficaces sont là, comme Broadway ou Bye Bye... C'est un peu comme les premiers films de Verhoeven, un artiste qui progressivement va s'ouvrir. Je ne suis pas encore assez mature pour pouvoir et m'exprimer et plaire au public...Un autre truc que j'adore : la BO de "Phantom of Paradise" (film original); ça si j'arrivais à faire un truc approchant, ce serait grandiose.
Trip-Hop.net : Quel est ton rêve musical ultime ?
J'aurais aimé faire "Thriller" de Michael Jackson, un peu comme on envie un yacht d'une star... sinon je me demande si j'aurais pas voulu faire "Revolver', parce que les Beatlles, c'est la classe ultime quand même. Tu te vois te réveiller un jour en Michael Jackson ? Oh le pauvre ! Moi je le plains ! Je l'adore, je le soutiendrai toujours ! (rires) Mais moi mon truc je fais une musique de film qui cartonne et qui rapporte beaucoup, j'achète un château en province, j'invite plein de gens et là je serai le chef de mon propre domaine ! Et c'est là qu'on voit que Bryan Wilson des Beach Boys il a bien cartonné à sa façon, mais aussi Coppola, imagine "Le Parrain' !... Mais aussi j'ai écouté l'autre jour de George Michael, c'est quand même fantastique... et Gainsbourg aussi ! C'est peut-être de cet album dont je serais le plus fier...Là je suis encore en préparation... j'ai encore des choses à me prouver, j'ai encore des territoires à explorer. A une époque je me focalisais sur mes cheveux, et bien on m'a pris pour un con qui se met du gel... et bien voilà : il faut pas essayer de faire toujours bien !